« LES FACTEURS de risque d’escarres sont nombreux, décrypte le Dr Valéry Gautier, praticien hospitalier gériatre à l’hôpital Broca. Il s’agit principalement de facteurs extrinsèques, comme la pression d’une zone cutanée en regard d’une proéminence osseuse, de la friction, du cisaillement, mais également de facteurs intrinsèques comme l’immobilité sur trouble de la conscience ou trouble moteur, la dénutrition, la baisse du débit circulatoire… » Entraînés à la détection des facteurs de risque et formés à l’utilisation d’une échelle validée de reconnaissance de ceux-ci, les pharmaciens pourront les identifier. Car, à la sortie de l’hôpital ou de la clinique, la première visite est pour l’officinal : « Je vois essentiellement des personnes âgées dénutries, précise Guillaume Dautézac, pharmacien à Castres (Tarn). Nous aimerions pouvoir communiquer avec l’équipe soignante à la sortie de l’hôpital. Aujourd’hui, nous dialoguons avec les infirmières de ville autour du protocole de soins afin de l’adapter. »
Sensibiliser les aidants.
Communication avec les soignantes, décryptage des ordonnances, l’officinal conseille également à l’entourage du patient la prise d’aliments hyperprotéinés, qui permettra au malade de reprendre des forces. « Ces compléments ont bénéficié récemment d’une extension d’autorisation de mise sur le marché (AMM), et peuvent être prescrits aujourd’hui à toute personne dénutrie. » Deuxième recommandation : Guillaume Dautézac sensibilise les aidants à l’importance d’une alimentation la plus normale possible pour le malade. « Ce n’est pas évident avec les patients âgés, qui ont souvent des goûts marqués. Outre les fortifiants, je recommande donc des solutés de réhydratation, au parfum sucré plus adapté. Les épaississants constituent également une bonne option, à verser sur tout type de plat, afin d’enrichir la texture des aliments et de faciliter leur prise. » Afin de perfectionner leurs compétences, les pharmaciens peuvent suivre, par exemple, le diplôme d’université (DU) Plaies et cicatrisations à la faculté Paris VI d’Ivry-sur-Seine, ouvert par la Société française et francophone des Plaies et cicatrisations (SFFPC)**. Maryse Guillaume, infirmière libérale à Castres et administrateur national à la Fédération nationale des infirmiers (FNI), est titulaire d’un DU, et travaille régulièrement avec Guillaume Dautézac : « Mon objectif reste d’améliorer le confort du patient. Véritables partenaires du soin, les pharmaciens nous aident à atteindre ce but, en conseillant par exemple le matériel adapté. » Ils sont les premiers alliés des soignants, qui les contactent pour savoir s’ils ont un coussin à mémoire de forme, par exemple, afin de gagner du temps dans la délivrance du produit.
L’orientation vers les praticiens.
La vitrine de Roland Bouvier, pharmacien en bas de la butte Montmartre (Paris XVIIIe), regorge de ce matériel médical : « J’ai toujours eu envie de développer ce marché. Mes patients le savent, et la famille vient me demander conseil quand le besoin s’en fait sentir. » Ses confrères lui adressent même certains cas particuliers. Coudières et talonnières s’avèrent bien utiles quand les rougeurs apparaissent, car l’hyperhémie qui ne disparaît pas est le premier signe de l’escarre. « Les matelas à gaufrier (petits plots carrés) permettent d’améliorer le confort du patient. Quand il y a escarres, nous proposons des matelas à mémoire de forme, des matelas à air statiques et dynamiques, et des coussins à plots à placer dans le fauteuil roulant. » Il n’est pas rare que certains médecins appellent l’officinal pour des conseils techniques. « Nous les aidons parfois à établir leurs prescriptions, et nous dialoguons avec la famille pour l’orienter vers des professionnels de santé afin d’effectuer des massages doux (effleurages) qui rétablissent la circulation déficiente dans les zones d’appuis, et améliorent l’hydratation cutanée. »
Le pharmacien insiste également pour un contact avec le médecin traitant quand l’évolution lui semble défavorable. Pour l’infirmière, le volet de la prise en charge est aussi une priorité : « Afin d’éviter un supplément financier à charge pour le patient, j’entretiens un dialogue constructif avec le pharmacien. Il adhérera d’autant mieux au protocole de soins, qu’il n’aura pas à s’acquitter d’éventuels dépassements. »
** Pour en savoir plus : www.sffpc.org
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