Une analyse de la littérature réalisée par les experts de l’INSERM est en faveur d’un lien objectif entre l’exposition aux pesticides pendant la vie professionnelle ou domestique et la survenue de certaines pathologies comme le cancer de la prostate ou le lymphome non hodgkinien ou encore la maladie de parkinson. Les rapporteurs appellent à des recherches soutenues pour mieux caractériser les dangers.
À LA SUITE de résultats d’enquêtes épidémiologiques évoquant depuis les années 1980 l’implication des pesticides dans des pathologies humaines, la Direction générale de la santé (DGS) a sollicité les experts de l’INSERM pour une expertise sur le sujet. Les expositions professionnelles ainsi que chez le fœtus et le jeune enfant ont été particulièrement examinées.
D’après les données de la littérature scientifique internationale publiée au cours des 30 dernières années, « il semble exister une association positive entre une exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte : la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphomes non, hodgkiniens, myélomes multiples). Par ailleurs, les expositions aux pesticides intervenant au cours de la période prénatale et périnatale, ainsi que la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l’enfant », indiquent les experts.
Les cancers.
Huit localisations ont été ciblées : 4 cancers hématopoïétiques, ainsi que la prostate, le testicule, les tumeurs cérébrales et les mélanomes. Ces localisations étaient déjà apparues dans des méta-analyses antérieures, sans distinction sur les matières incriminées. Cette dernière expertise montre une augmentation du risque de lymphomes non hodgkiniens et de myélomes multiples chez les professionnels exposés ; les organophosphorés et certaines organochlorés (lindane, DDT) sont suspectés. L’expertise montre aussi un excès de risque de cancer de la prostate chez les agriculteurs, les ouvriers d’usines des productions de pesticides (excès de risque de survenue de leucémies de 43 %) et les populations rurales (entre 12 % et 28 % selon les cas). Ont bien été documentés les effets du chlordécone en population générale et du carbofuran, du coumaphos, du fonofos et de la perméthrine en population professionnelle.
Pour les autres localisations, l’analyse des données est difficile, du fait d’une incidence faible (testicule, cerveau et hodgkin), ou d’un facteur confondant (UV dans le mélanome).
Les maladies neurodégénératives. Une augmentation du risque de Parkinson est observée pour les expositions professionnelles, notamment pour les insecticides et les herbicides. Les résultats sont plus contrastés pour les autres maladies neurodégénératives. Ainsi les résultats des études de cohorte indiquent un excès de risque d’Alzheimer, mais non les études cas-témoins.
La période prénatale et la fertilité
. La littérature suggère une augmentation significative des morts fœtales in utero et du risque de malformations congénitales, d’atteinte de la motricité fine ou de l’acuité visuelle chez l’enfant, pour une exposition maternelle professionnelle aux pesticides. Associé à un usage domestique, un risque de malformations cardiaques, du tube neural, d’hypospadias a été rapporté.
La fertilité.
De nombreuses incertitudes existent pour les pesticides actuellement employés.
Les chercheurs rappellent que les pesticides regroupent des substances très variées (herbicides, fungicides..). Environ 1 000 substances actives ont déjà été mises sur le marché et actuellement 309 substances phytopharmaceutiques sont autorisées en France. La rémanence dans l’environnement peut varier de quelques heures à plusieurs années. Certains comme les organochlorés se retrouvent dans la chaîne alimentaire. En France, d’autres secteurs que l’agriculture sont concernés : entretien des voiries, jardins, traitement du bois, usage en santé humaine et vétérinaire... La voie cutanée représente 80 % des expositions en milieu professionnel, avec la voie respiratoire. En population générale, l’exposition par l’alimentation prédomine.
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