LA FRANCE est toujours au niveau d’alerte 5A. Même si, depuis la fin juillet, elle a modifié son plan de lutte contre la pandémie grippale. Désormais, en cas de suspicion de grippe, les patients doivent en effet contacter directement leur médecin de ville. Si nécessaire, celui-ci leur prescrira des masques chirurgicaux et éventuellement du Tamiflu (oseltamivir).
Pour répondre à cette évolution, les officinaux ont reçu une dotation de dix boîtes de l’antiviral (qu’ils facturent normalement à l’assurance-maladie) ainsi que des masques chirurgicaux à délivrer gratuitement aux malades. Les présentations pédiatriques de l’oseltamivir restent, en revanche, uniquement disponibles dans les pharmacies hospitalières.
Si le gouvernement décidait de déclencher l’alerte pandémique (niveau 6), les pharmaciens continueraient de délivrer les masques et le Tamiflu. Sauf que ce dernier proviendrait alors des stocks constitués par l’État et non plus du fabricant, le laboratoire Roche. « Il n’y aurait alors plus de notion de dotation et nous passerions les commandes directement auprès de nos grossistes », explique Olivier Ferlet, l’un des responsables du dossier pandémie grippale et sécurité sanitaire à l’Ordre des pharmaciens. Même si les produits (antiviraux et masques) seraient délivrés gratuitement, il faudrait tout de même réaliser une tarification afin de permettre un suivi des produits dispensés.
L’Ordre des pharmaciens a également proposé au gouvernement de faciliter l’accès des professionnels de santé aux masques de protection FFP2 (destinés à protéger le porteur), aujourd’hui seulement disponibles auprès de sites dédiés dont la liste est élaborée et diffusée par les DDASS.
Surveillance renforcée.
Lieu stratégique de la dispensation des antiviraux, les officines seront surveillées de près en cas de forte épidémie. Certaines préfectures, telles celles d’Île de France, du Gard ou du Vaucluse, préparent ainsi des plans « anti hold-up » reposant essentiellement sur un renforcement des patrouilles autour de ces commerces jugés sensibles. Les préfets y sont d’ailleurs fortement invités par les ministères de l’Intérieur et de la Santé. Dans un courrier daté du 16 juillet, la direction de la planification et de la sécurité nationale et la direction générale de la santé leur demandent d’assurer la sécurisation des lieux de stockage et de mise à disposition des équipements et produits de santé, ainsi que la sécurisation de leur acheminement. « À cette fin, vous donnerez instruction aux forces de police et de gendarmerie de prévoir un dispositif adapté de sécurité, en liaison notamment avec les grossistes-répartiteurs et les pharmacies », peut-on lire dans le courrier signé par Roselyne Bachelot et Brice Hortefeux.
Assurer la continuité du service.
En attendant, les pharmaciens sont invités, comme les autres PME, à réfléchir à la mise en place dans leur entreprise d’un « plan de continuité d’activité » (pour plus de détails, rendez-vous sur le site du ministère du Travail, www.travail-solidarite.gouv.fr). Prévu à l’origine pour faire face à une pandémie grippale d’origine aviaire, il s’applique tout aussi bien à la lutte contre le nouveau virus A(H1N1). « Au-delà des enjeux sanitaires, (ce plan) s’attache à préserver la continuité de l’ensemble de la vie sociale et économique, dont le fonctionnement le plus normal possible est une condition permettant d’éviter ou de réduire les dommages causés par la pandémie », rappelle la direction générale du travail (DGT) dans sa circulaire du 3 juillet. Car, en cas de pandémie, de nombreuses perturbations sont à craindre : diminution des effectifs présents sur le lieu de travail, difficulté d’approvisionnement de la part des fournisseurs, annulation de commandes…
Les autorités insistent également sur la nécessité de prendre soin de la santé de ses salariés, notamment par le port de masques FFP2, destinés à protéger les personnes qui les portent, à la différence des masques chirurgicaux visant à éviter la contamination de l’entourage du malade. N’hésitez pas non plus à apposer dans votre vitrine l’affichette mise à disposition par le ministère de la Santé et informant les personnes qui se rendent à l’officine des recommandations d’hygiène à adopter pour ne pas contaminer le personnel et les clients présents (voir ci-contre).
Un risque de 900 000 malades par jour.
Pour continuer à assurer leur mission pendant la pandémie, on peut aussi penser que, comme d’autres professionnels de santé amenés à être en contact avec les malades, les officinaux feront parties des personnes vaccinées en priorité. Ils seront bientôt fixés sur ce point, puisque le Haut conseil en santé publique devrait, dans la journée, délivrer son avis quant à la définition des publics prioritaires.
Toutes les précautions sont bonnes à prendre pour se protéger car le nouveau virus A(H1N1) est particulièrement contagieux. Des spécialistes de l’INSERM évaluent ainsi que, en l’absence de vaccination, le virus pourrait provoquer plus de 900 000 contaminations par jour. Pour juguler l’épidémie, ils estiment qu’il faudrait vacciner 70 % de la population dès le premier jour. Si le vaccin était administré deux semaines après le début de l’épidémie, celle-ci serait contenue, mais ferait tout de même 600 000 malades chaque jour. Si le vaccin est injecté au bout d’un mois, l’effet sera à peu près nul. D’où l’intérêt d’en disposer le plus rapidement possible.
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Françoise Amouroux
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