Au début du mois de janvier, la commission de la transparence de la Haute Autorité de santé (HAS) a remis ses avis sur Maviret (glécaprevir + pibrentasvir, d’AbbVie) et Vosevi (sofosbuvir + velpatasvir + voxilaprevir, de Gilead). Ces deux associations constitueront la dernière étape de la longue série de traitements sortis ces dernières années.
À ce stade, plusieurs acteurs de la lutte contre l’hépatite C estiment que la pharmacopée disponible est devenue suffisamment complète et simple à utiliser pour autoriser les médecins généralistes à prescrire les nouveaux traitements de l’hépatite C.
Ainsi, l’association française pour l’étude du foie (AFEF) demande que les traitements puissent être prescrits par les médecins généralistes « afin d’aller chercher les malades qui restent », explique le Pr Victor De Ledinghen, responsable du service hépatologie et transplantation hépatique au CHU de Bordeaux, qui participe à l’élaboration de recommandations pratiques visant à éradiquer le virus. Pour l’instant, seuls les spécialistes et les services spécialisés peuvent prescrire les nouveaux traitements de l’hépatite C, et leur délivrance est réservée aux pharmacies à usage intérieur.
Cette situation n’est pas acceptable pour le Pr De Ledinghen : « On autorise les médecins généralistes à prescrire des AINS, des statines et des anticoagulants alors qu’ils présentent plus effets secondaires et de risque d’interactions que les AAD, argumente-t-il. Une partie des patients qui ne sont pas encore traités sont les usagers de drogues, et toutes les structures qui les accueillent n’ont pas nécessairement un spécialiste qui vient faire des consultations. Il faut permettre aux médecins généralistes de ces structures de prescrire les traitements. »
Une stratégie d'éradication
Les recommandations de l’AFEF, élaborées en relation avec les autorités sanitaires, proposeront des arbres de décision qui constitueront un mode d’emploi pratique de l’éradication. Les protocoles de bilan thérapeutique, le suivi au cours et après le traitement y seront décrits. Les recommandations décriront aussi les cas où les patients doivent être adressés à des spécialistes. Une stratégie de dépistage sera aussi décrite. Quand Maviret et Vosevi seront effectivement disponibles, les médecins disposeront de deux traitements pangénotypiques pour la première intension : Epclusa (sofosbuvir + velpatasvir, Gilead) et Maviret. « Vosevi est à réserver aux patients en échec des autres traitements », précise le Pr De Ledinghen.
Toutes les voix ne sont pas concordantes en ce qui concerne l’ouverture totale de la prescription aux généralistes. « Les médecins de ville n’ont pas la même habitude que nous de la prescription de ces molécules, rappelle le Dr Pascal Melin, président de SOS Hépatite. Aussi nous pensons qu’il faut un filet de sécurité avec la mise en place de réunion de concertations pluridisciplinaire afin de rechercher les contre-
indications ».
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