D’ÉVIDENCE, la grossesse n’est pas une maladie ; pourtant la société dans son ensemble semble placer la femme enceinte (au même titre que les jeunes enfants et les personnes âgées) dans une sous-catégorie où son droit à la santé, au bien-être et à un accès total aux meilleurs soins médicaux ne peut s’exercer pleinement. « Nous ne pouvons pas nous contenter de traiter les maladies des femmes enceintes avec les seules molécules que l’on maîtrise bien dans le cas d’une grossesse. Pourquoi les priver du bénéfice éventuel de molécules plus puissantes et plus actives qui arrivent sur le marché et dont profite tout autre patient, s’interroge Danièle Evain-Brion, pédiatre et directrice de PremUp. Beaucoup de progrès ont été réalisés dans le domaine de l’utilisation du médicament pendant la grossesse et, à titre d’exemple, la prise en charge thérapeutique de la femme enceinte à qui on découvre un cancer du sein est bien standardisée. »
Pour bon nombre de femmes présentant une pathologie, le médicament apparaît comme une réelle opportunité pour mener à bien une grossesse. C’est le cas des femmes diabétiques, infectées par le VIH ou des femmes ayant bénéficié d’une greffe d’organe et prenant un traitement immunosuppresseur lourd. Dans tous les cas, le traitement permet le bon contrôle de la pathologie et d’envisager et de réaliser un projet de grossesse dans les meilleures conditions.
En revanche il est tout à fait clair que des inconnues subsistent quant à la santé de la mère et celle de son bébé. Le médicament a une place paradoxale chez la femme enceinte et le risque encouru par le bébé, exposé aux médicaments absorbés par sa mère pendant plusieurs mois de sa vie fœtale, suscite des craintes au sein du corps médical et du public. On constate qu’il existe peu de registres de suivi de ces enfants et on ne sait pas grand-chose d’eux quand ils ont quitté la maternité.
La même inconnue existe en matière de recherche : savoir qu’un médicament ne franchit pas la barrière placentaire est rassurant, mais qu’en est-il de sa toxicité sur la cellule placentaire et de son retentissement à long terme. « En effet le passage transplacentaire n’est pas le seul critère, il y a une recherche à mener dans le domaine de la pharmacologie pour comprendre l’interaction des molécules avec le développement de l’embryon et du fœtus, souligne le Dr Vassilis Tsataris gynécologue (hôpital Cochin Port-Royal, Paris). Il apparaît évident que l’évaluation des médicaments chez la femme enceinte et le nouveau-né est indispensable, notamment pour obtenir des données sur les risques fœtotoxiques. Or, pour des raisons éthiques, ces travaux sont exceptionnellement effectués en cours de grossesse, et les données animales sont peu extrapolables à la femme. »
L’intervention du pharmacien.
Des thérapeutiques dédiées à la femme enceinte et au nouveau-né doivent être développées et les médicaments doivent être évalués pour ces deux catégories de patients. PremUp va jouer de plus en plus, au cours des mois à venir, son rôle d’accélérateur de progrès dans tous ces domaines. Cependant, le problème n’existe pas uniquement pour les maladies dites graves, une femme enceinte peut avoir des problèmes mineurs et peut être tentée de se soigner en prenant des médicaments qu’elle croit inoffensifs parce que délivrés sans prescription. Il est important qu’elle puisse trouver auprès de son pharmacien l’aide nécessaire pour éviter d’absorber des médicaments potentiellement tératogènes (au moment de l’embryogenèse au cours des trois premiers mois) ou toxiques pour le fœtus (après le troisième mois). Le pharmacien a un rôle de contrôle non seulement sur la délivrance de la prescription médicale mais sur l’achat dans son officine de tout produit. Pour Martine Aiach, doyenne de la faculté de pharmacie Paris-Descartes, « les femmes doivent pouvoir bénéficier d’une information de qualité avant et pendant leur grossesse, ainsi que pendant l’allaitement. Il est indispensable de mieux former et de mieux informer les médecins de ville et les pharmaciens à la physiologie et à la pharmacologie de la grossesse. Des programmes d’éducation thérapeutique, tels que préconisés par la loi HPST, pourraient être proposés par les professionnels aux agences régionales de santé ».
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