UN ADULTE âgé de 15 à 64 ans sur 25 dans le monde consomme du cannabis. Le Bureau de l’ONU contre les drogues et le crime (UNODC) a estimé que 166 millions d’adultes (près de 4 % de la population mondiale) prenaient du cannabis en 2006. Aux États-Unis, le contenu du cannabis en THC est passé de moins de 2 % en 1980 à 8,5 % en 2006.
L’utilisation de cannabis, qui perturbe relativement moins la conduite de véhicules que l’abus d’alcool, se traduit néanmoins par un risque accru d’accidents (risque relatif : 1,96), et une étude faite en France (Laumon et coll., 2005) a mis en évidence un accroissement des négligences coupables (odds ratio : 2,87) chez les conducteurs ayant une concentration en THC de plus de 1 µg/ml. Ces auteurs estiment que 2,5 % des décès par accident de la circulation sont en relation avec la prise de cannabis (contre 29 % pour l’alcool).
Les études épidémiologiques n’ont pas établi de risque plus grand de malformations congénitales chez les enfants de mères ayant consommé du cannabis pendant la grossesse. De légères anomalies du développement ont été rapportées juste après la naissance, mais elles se dissipent rapidement. Une étude faite chez de tels enfants, ayant atteint l’âge de 12 ans, n’objective aucune altération du QI par rapport à des enfants non exposés (Fried et coll., 2001).
Cancers de la tête et du cou.
La dépendance est en revanche un problème réel, le risque d’accoutumance étant estimé à 9 % sur toute la durée de la vie. Les effets à long terme du cannabis (quand il est fumé) sur la fonction respiratoire sont moins clairs. Le risque d’emphysème n’est pas augmenté après un suivi de plus de 8 ans, aux États-Unis comme en Australie.
Une étude conduite chez près de 65 000 sujets du Kaiser Permanente Medical Care Program ne retrouve pas non plus d’augmentation de l’incidence des cancers pulmonaires après 8,6 années de suivi chez les fumeurs anciens ou actuels de marijuana. En revanche, Zhang et coll. (1999) rapportent un risque accru (OR : 2) de carcinomes à cellules squameuses de la tête et du cou (les plus fréquents des cancers de la cavité buccale) chez 173 consommateurs de cannabis (176 contrôles), risque qui persiste après ajustement pour le tabagisme, l’alcoolisme et autres facteurs de risque. Il semble assez clair, en revanche, que l’utilisation de cannabis par des sujets présentant déjà une affection myocardique augmente le risque d’infarctus du myocarde.
Les effets sur les fonctions cérébrales sont variables. On a observé de modestes altérations de la cognition, mais aussi des atteintes de l’apprentissage verbal, de la mémoire, de l’attention. Le débat porte sur l’origine de ces déficits : s’agit-il d’effets secondaires aigus ou liés à l’accumulation du THC dans l’organisme ? Il existe également un certain flou sur la relation entre la consommation de cannabis et les performances scolaires médiocres : il se pourrait que ces dernières amènent à fumer du haschich autant que l’inverse…
On sait qu’une étude suédoise chez plus 50 000 appelés avait établi un risque multiplié par 2,4 de schizophrénie chez ceux qui avaient pris du cannabis. Cette association a été confirmée plus récemment, et on estime que 13 % des schizophrénies pourraient être évitées. Un doute demeure toutefois sur la nature de la relation. Enfin le lien avec la dépression n’est pas significatif.
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Françoise Amouroux
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