Quelques définitions
Parodonte : ensemble des tissus de soutien des dents, c’est-à-dire les gencives, l’os alvéolaire et les ligaments.
Parodonpathies ou maladies parodontales : ensemble des maladies touchant le parodonte ; il s’agit de la gingivite, dont les principaux symptômes sont des saignements et une inflammation, et de la parodontite se traduisant par une atteinte de l’os alvéolaire et entraînant un déchaussement des dents.
Poche parodontale : espace entre la dent et la gencive observé au cours d’une maladie parodontale.
Carie : cavité creusée par les bactéries dans la dent.
Plaque dentaire, ou biofilm : pellicule blanchâtre qui se dépose à la surface de la dent et des gencives. Elle est constituée de protéines salivaires, de restes alimentaires, de bactéries et des toxines secrétées par ces dernières. Elle est éliminée par le brossage.
Tartre : il résulte de la minéralisation de la plaque dentaire. Il n’est pas éliminé par le brossage.
Un peu de physiopathologie
La plaque dentaire favorise la formation des caries et la survenue de maladies parodontales :
- La formation de la carie : au sein de la plaque dentaire, les bactéries cariogènes (streptocoques mutans et lactobacilles) prolifèrent, entraînant une diminution du pH. La déminéralisation de l’émail qui en résulte est propice au développement de la carie. L’attaque de la dent se poursuit par une atteinte de la dentine, jusqu’à la pulpe dentaire. Le processus carieux est favorisé par les aliments cariogènes (sucre). D’autres aliments au contraire sont caryostatiques et ralentissent l’évolution de la carie. Ce sont les caséines de fromage, les minéraux, le calcium, le fluor ou le phosphore. Les patients (dont les enfants) ayant un traitement provoquant une hyposialie (médicaments anticholinergiques par exemple) ou chez lesquels des médicaments sucrés sont administrés de façon chronique présentent un risque carieux accru.
- La gingivite : au sein de la plaque dentaire et du tartre, les bactéries produisent des toxines provoquant une inflammation de la gencive. Une mauvaise hygiène buccodentaire constitue la principale cause, mais d’autres facteurs peuvent favoriser la survenue de cette pathologie dont le tabac, un état physiologique particulier (grossesse, ménopause) ou certaines pathologies (diabète, infection VIH). La survenue d’une gingivite s’accentue avec l’âge. L’origine iatrogène ne doit pas être écartée, en particulier avec des médicaments antiépileptiques (phénytoïne : Dilantin), antihypertenseurs (nifédipine : Adalate, Chronadalate, Tenordate - diltiazem : Mono-Tildiem), immunosuppresseurs (ciclosporine : Néoral, Sandimmun) ou au cours de certaines chimiothérapies anticancéreuses. Le pharmacien doit porter une attention particulière aux patients suivant ces traitements.
- La mauvaise haleine ou halitose : elle peut avoir une origine buccale (mauvaise hygiène bucco-dentaire, maladie parodontale, hyposialie, tabagisme ou consommation d’alcool), ou être causée par une infection ORL, des troubles gastro-intestinaux (reflux, éructations), des troubles du métabolisme (diabète, maladie hépatique), ou la consommation d’aliments contenant des dérivés soufrés. Certains médicaments peuvent être à l’origine d’une halitose, comme le disulfirame (Espéral), les neuroleptiques ou les sédatifs.
Les mots du conseil
Il n’y a pas de saisons propices à la promotion de la santé bucco-dentaire. Celle-ci doit être réalisée tout au long de l’année et la pharmacie constitue un lieu idéal. Attention à ne pas limiter le linéaire à la seule présentation de dentifrices, de brosses à dents et de PLV (publicités sur lieu de vente). Marquons la différence avec les grandes surfaces !
Des conseils hygiénodiététiques associés.
Le grignotage et la consommation excessive d’aliments sucrés favorisent le développement de la carie dentaire. Le tabac est également un ennemi de la santé buccodentaire et favorise les maladies parodontales ou la coloration des dents.
Pour limiter le risque de caries et de maladies parodontales, il est indispensable de contrôler la plaque dentaire et de limiter la formation de tartre grâce à un brossage régulier (après chaque repas si possible) avec un dentifrice fluoré. En complément, l’usage de fil dentaire ou de brossettes est conseillé pour atteindre les espaces interdentaires. Des bains de bouches antiseptiques sont proposés en cas de mauvaise haleine, de gingivite ou de difficulté pour se brosser les dents.
Détecter les sujets à risque.
Le pharmacien doit rappeler l’intérêt d’un suivi régulier par le dentiste. Cette notion est d’autant plus importante chez les sujets à risque de maladies parodontales (sujets présentant des troubles cardiaques, diabétiques, sujets présentant une infection par le VIH, femmes enceintes, femmes ménopausées et personnes de plus de 50 ans) ou à risque carieux élevé (notamment les enfants ne respectant pas les règles d’hygiène dentaire, portant un appareil orthodontique ou issus d’un milieu socio-économique défavorisé). La parodontite nécessite une prise en charge par le dentiste.
Le pharmacien sera particulièrement attentif au risque iatrogène. Les personnes recevant un traitement par biphosphonates (en particulier par voie injectable) doivent être orientées vers le dentiste pour un bilan buccodentaire.
Les produits conseils
Les produits permettant de compléter le brossage dentaire (manuel ou électrique) visent à :
- Limiter le risque carieux : les bains de bouche fluorés peuvent être conseillés chez les sujets à haut risque carieux, en complément d’un dentifrice fluoré. Le fluor agit comme agent bactériostatique et comme agent minéralisant. Il renforce l’émail.
- Soulager les symptômes d’une gingivite : le conseil porte sur les bains de bouche antiseptiques, en particulier les bains de bouche à la chlorhexidine (molécule la mieux évaluée dans ce domaine) et au fluorure d’amine/fluorure d’étain (Méridol). Certains bains de bouche associent des antiseptiques aux propriétés analgésiques, comme le chlorobutanol (Éludril). En prévention (femme enceinte) ou en traitement, la prise en charge implique l’utilisation de dentifrices à visée anti-inflammatoire (énoxolone d’Arthrodont), associés à des brosses à dents souples. Ces dentifrices peuvent être appliqués en massage quotidien. Des dentifrices à base de plantes (échinacée, camomille) sont également disponibles en cas de saignements occasionnels.
En homéopathie, on peut conseiller Mercurius solubilis si les gencives sont enflées, Phosphorus si elles saignent. Des dentifrices homéopathiques sont proposés en complément.
Enfin, pour une action générale, un apport en vitamine C et en calcium peut être envisagé.
- Soulager les inconforts : certains dentifrices sont plus spécialement destinés au brossage des dents sensibles. Ils peuvent être utilisés en massage, sur la zone sensible (collet dénudé) de la dent. Dynexangival 1 % n’est pas un dentifrice mais une crème buccale destinée au soulagement des douleurs dues à des lésions bénignes de la bouche.
- Accéder aux zones difficiles : le fil dentaire est conseillé chez les personnes ayant les dents serrées, pour limiter le développement de la plaque dentaire sur les surfaces interproximales (zone de contact entre deux dents). Il est recommandé de l’utiliser le soir, après le brossage, en faisant attention à ne pas blesser la gencive. Il existe plusieurs catégories de fils dentaires, en soie, en nylon, ciré ou non (le non ciré serait plus efficace, mais le fil ciré glisse mieux), fluoré, imprégné de chlorhexidine… Certains fils sont particulièrement adaptés au nettoyage des bridges et des bagues. Pour les gencives sensibles, il existe des fils spécifiques extra-doux. Certaines marques proposent des fils dentaires compatibles avec l’homéopathie.
Les brossettes interdentaires sont proposées chez les sujets présentant des espaces interdentaires élargis. La largeur de cet espace détermine le choix de la brossette. Selon les marques (Inava, Elmex, Gum), les termes « fine », « extrafine » ou « ultrafine » qualifiant la brossette correspondent à des diamètres différents. Une standardisation de ces termes serait souhaitable. L’embout des brossettes peut être conique ou cylindrique. Il existe des brossettes antiseptiques, à la chlorhexidine. Attention, l’utilisation d’une brossette de diamètre trop large risque d’endommager la papille gingivale. Il ne faut pas forcer ! Les conditionnements contenant plusieurs diamètres de brossettes sont intéressants.
L’hydropulseur envoie un jet d’eau pulsé qui permet d’atteindre les espaces interdentaires et de nettoyer les bridges et les poches parodontales. Il est généralement conseillé par le dentiste. Son utilisation ne dispense pas du brossage classique. Certaines marques proposent un modèle familial (WaterPick) et des modèles conçus pour les voyages (sans fil, rechargeables).
- Faciliter le contrôle de la plaque dentaire : on peut conseiller un révélateur de plaque dentaire (Dentoplaque).
- Rendre les dents plus belles : les fumeurs sont particulièrement demandeurs. Des dentifrices antitaches, polissant et reminéralisant, à utiliser deux fois par semaine (Elgydium brillance et soin, Elmex nettoyage intense) peuvent être proposés. Il existe également des kits de blanchiment à l’oxygène actif, comme iWhite Oxygen. Face à une demande de blanchiment dentaire, une consultation chez le dentiste est particulièrement recommandée.
- Améliorer l’haleine : si l’halitose est d’origine buccale, le conseil porte sur les bains de bouche antiseptiques associés à l’utilisation de gratte-langues (pouvant être couplés à des brosses à dents). Il existe également des solutions en bain de bouche (HaliControl), en spray (Fluocaril) ou en pastilles à sucer (Alibi). En aromathérapie, des gargarismes à base d’huile essentielle d’anis, de menthe et de giroflier peuvent être proposés.
Parodonpathies : diagnostic et traitements. Anaes, mai 2002
Synthèse d’avis de la Commission de transparence. HAS, juin 2010
Mise au point : utilisation du fluor dans la prévention de la carie dentaire avant l’âge de 18 ans. Afssaps, octobre 2008
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