JUSQU’À PRÉSENT les conséquences de la consommation de boissons dites « light », c’est-à-dire édulcorées, sur l’accouchement n’avaient guère été explorées. Pas plus qu’une éventuelle relation avec les quantités absorbées. En réalisant une vaste enquête prospective, une équipe internationale (Danemark, Islande, États-Unis) vient de montrer que ces boissons favorisent une naissance prématurée, avant 37 semaines d’aménorrhée, contrairement à leurs homologues sucrées.
Thorhallur I. Halldorsson et coll se sont fondés sur des entretiens téléphoniques et les résultats de questionnaires proposés à près de 60 000 Danoises (59 334 naissances d’enfants uniques). Il s’agissait des femmes enrôlées dans la Danish national birth cohort entre 1996 et 2002.
Odds ratio calculé à 1,38.
La conclusion principale est simple. Il existe une association entre
la consommation de boissons, gazeuses ou non gazeuses, artificiellement sucrées et l’élévation du risque d’accouchement prématuré. La comparaison a été établie avec les femmes buvant des boissons aux sucres naturels, mais également selon les quantités absorbées. Il existe une relation effet-dose. Pour les futures mamans prenant au moins un verre par jour de soda édulcoré l’odds ratio est calculé à 1,38. Pour celles atteignant 4 verres et plus cet odds ratio passe à 1,78. Le lien existe que les femmes enceintes soient ou non en surpoids. En revanche, aucun risque de prématurité n’a été mis en évidence avec les sodas sucrés, gazeux ou non.
Quant à déterminer quel édulcorant est impliqué, les auteurs ne peuvent conclure. Ils rappellent que les boissons « light » contiennent une association de molécules. Certes la grande majorité des produits commercialisés sont édulcorés avec une association d’aspartame et d’acésulfame-K. En sachant que leur concentration est de 2 à 3 fois plus élevée dans les sodas gazeux. Ce qui pourrait expliquer un effet plus modeste sur la prématurité des boissons « plates ».
Deux hypothèses explicatives, enfin, sont proposées. La première est écartée et porte sur un risque hypertensif. En effet, les édulcorants sont accusés de favoriser l’HTA, elle-même facteur de prématurité. Mais le retrait des femmes atteintes de prééclampsie de la statistique ne change pas les résultats. D’où le rejet de l’hypothèse. La seconde, plus vraisemblable, porte sur la dégradation de l’aspartame en méthanol, notamment. Ce dernier possède une action indirecte connue sur l’environnement utérin. Il pourrait avoir ainsi favorisé les accouchements prématurés.
Les auteurs concluent à la nécessité d’une confirmation expérimentale de leur travail.
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