L’APNÉE OBSTRUCTIVE du sommeil, sous-diagnostiquée, a une prévalence estimée à 24 % chez les hommes d’âge moyen et de 9 % chez les femmes d’âge moyen. Les facteurs de risque connus sont l’obésité, l’âge avancé, le sexe masculin et l’hérédité. Étant donné l’épidémie d’obésité, on s’attend à ce que la prévalence aille en augmentant. Non traitée, l’apnée obstructive du sommeil augmente le risque d’accident de voiture, de maladies cardio-vasculaires, de mort subite au cours du sommeil et de mortalité de toutes causes.
On dispose de peu d’options thérapeutiques. La stratégie la plus utilisée pour réduire le risque de mortalité et de morbidité est la respiration en pression positive continue au cours du sommeil.
La perte de poids constitue une stratégie, mais on manque d’arguments forts pour étayer cette méthode. On manque d’essais randomisés contrôlés, ce qui laisse subsister le doute quant à des biais et des facteurs confondants. « à notre connaissance, écrivent les Suédois Kari Johansson et coll. dans le « BMJ », un seul essai randomisé contrôlé a été publié sur les effets de la perte de poids sur l’apnée obstructive du sommeil (cf. Changement du mode de vie avec réduction pondérale : traitement de première ligne dans l’apnée obstructive du sommeil légère ; « Am J Respir Crit Care Med », 2009 ; 179 : 320-7). Cependant, cette étude n’a pas inclus de patients ayant une forme modérée ou une forme sévère qui, à l’opposé de la forme légère, sont associées à une mortalité accrue. Des études randomisées sont donc nécessaires pour voir si une perte de poids peut améliorer l’apnée obstructive du sommeil modérée ou sévère. »
Régime à 600 kcal pendant 7 semaines.
Ce qui a conduit l’équipe suédoise à évaluer les effets d’une perte de poids obtenue par un régime très hypocalorique chez des hommes obèses atteints d’une forme modérée ou sévère d’apnée obstructive du sommeil. Leur travail, randomisé, contrôlé en ouvert, a été conduit sur 63 hommes obèses (indice de masse corporelle entre 30 et 40) de 30 à 65 ans, qui avaient un indice d’apnée-hypopnée supérieur ou égal à 15/heure de sommeil et qui étaient traités par pression positive continue. Le groupe « intervention » (n = 30) a été soumis à un régime liquide très hypocalorique (600 kcal) pendant 7 semaines, suivi de la réintroduction progressive d’une alimentation normale pour atteindre, en deux semaines, 1 500 calories. Deux patients insatisfaits d’être placés dans le groupe contrôle, l’ont immédiatement quitté. Tous les autres sujets de deux groupes sont allés au bout de l’étude. Dans les deux groupes, l’index d’apnée-hypopnée était en moyenne de 37/heure de sommeil. À la semaine 9, le poids des sujets du groupe soumis au régime était inférieur de 20 kg à celui des sujets du groupe contrôle ; et leur index d’apnée-hypopnée était plus bas de 23/heure (réduction de 67 %) par rapport à celui du groupe contrôle (pas de réduction). Il y a eu aussi moins d’endormissements diurnes dans le groupe intervention.
Dans ce dernier, 5 des 30 sujets (17 %) étaient considérés comme sans apnée du sommeil (index d’apnée-hypopnée inférieur à 5) et 15 des 30 (50 %) avaient maintenant une forme légère (de 5 à 14,9 apnée-hypopnée par heure). À l’opposé, dans le groupe contrôle, tous les sujets sauf un sont restés avec un index à plus de 15.
Dans le groupe intervention, on a constaté que l’index d’apnée-hypopnée de départ influençait l’efficacité du traitement : l’amélioration de cet index est supérieure chez les patients qui ont une forme sévère (index supérieur à 30) que chez ceux qui ont une forme modérée (index entre 15 et 30), cela malgré une perte de poids similaire.
« Le traitement avec un régime hypocalorique améliore l’apnée obstructive du sommeil chez les hommes obèses, avec une plus grande efficacité chez ceux qui ont une forme sévère. Des études à long terme sont nécessaires pour valider la perte de poids comme stratégie thérapeutique primaire de l’apnée obstructive du sommeil », concluent les auteurs.
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