Depuis quelques années on observe une augmentation de la fréquence des accidents allergiques suite à l'utilisation de traitements anticancéreux. Ce constat s'explique par l'augmentation des maladies cancéreuses et de la durée de vie de certains patients, de nouvelles thérapeutiques ou la reprise de thérapeutiques anciennes après un temps de rémission.
Traditionnellement, une hypersensibilité (HS) à un médicament impose une éviction stricte de ce traitement et des molécules responsables de réactions croisées. Mais dans le cas de pathologies cancéreuses, les traitements alternatifs peuvent être moins efficaces, voire inexistants. La première étape face à une suspicion d'allergie aux anticancéreux est de reprendre en détail la chronologie de la séquence thérapeutique précédant la réaction clinique. Les explorations ne devront négliger ni les prémédications (antihistaminiques, corticoïdes, antiémétiques, antipyrétiques, antalgiques) ni les traitements concomitants, dont certains sont aussi des biothérapies (érythropoïétines, facteurs de croissance GM-CSF).
Parmi les allergies aux chimiothérapies, les réactions d'HS aux sels de platine augmentent du fait d'une indication plus large dans le traitement des cancers et des expositions répétées chez les patients ayant une espérance de vie accrue. Les réactions sont de type I, le délai d'apparition variant entre la 4e et la 10e exposition, avec comme facteur de risque un intervalle libre sans CT de plus d'un an. Les réactions d'HS aux taxanes sont immédiates et le plus souvent liées à des mécanismes non allergiques. Les symptômes à type de diarrhées et de vomissements sont souvent interprétés à tort comme des effets secondaires.
Induction de tolérance aux anticancéreux
Les biothérapies sont classables en trois groupes : les cytokines, les anticorps monoclonaux et les protéines de fusion. Elles ont des particularités intrinsèques qui expliquent les réactions d'HS qu'elles peuvent induire : leur poids moléculaire souvent élevé, leurs origines non purement synthétiques mais provenant en partie de techniques de modifications génétiques, leur administration intraveineuse préférentielle et leur faible métabolisme avant efficacité thérapeutique. Elles peuvent entraîner différents effets secondaires, immédiats ou retardés, médiés par différents mécanismes et médiateurs chimiques.
Les anticorps monoclonaux (cétuximab, rituximab, ofatumumab, trastuzumab, brentuximab) ont des indications spécifiques selon les formes de cancers. Les indications d'induction de tolérance aux anticancéreux (IDT) doivent être réservées aux cas où l'agent est nécessaire en tant que traitement de première intention. Les contre-indications sont les réactions retardées graves. Cependant, des protocoles d'induction sont disponibles pour les sels de platine, les taxanes et les anticorps monoclonaux. Plusieurs équipes ont montré qu'avec une bonne sélection des patients, les IDT sont une alternative sûre et réalisable pour garder une ligne de traitement efficace.
D'après la communication du Dr S.Leroy (Nice). 13e Congrès francophone d'allergologie (avril 2018).
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