Comme l’a rappelé le Pr Robert Cohen, la sécurité est bien sûr un impératif majeur pour les vaccins qui, pour la plupart, s’adressent à une population large, en bonne santé dans le but de prévenir des maladies soit d’incidence rare mais grave, soit d’incidence élevée mais bénigne dans la majorité des cas. Et l’inquiétude sur la tolérance des vaccins tend à augmenter au fur et à mesure de la disparition des maladies. Toute manifestation survenant après une vaccination n’est pas forcément liée au vaccin. Il peut s’agir d’un événement intercurrent ou d’une réaction en lien avec la vaccination, au vaccin lui-même ou à son administration (mode de préparation, injection). L’imputabilité d’un effet secondaire au vaccin ne peut être démontrée qu’au terme d’une démarche rigoureuse et « quand bien même un effet indésirable d’un vaccin a été reconnu, il doit être confronté aux bénéfices attendus de la vaccination », a souligné le Pr Cohen. La France se caractérise par une défiance vis-à-vis de la vaccination plus importante que dans bien des pays et « les réponses des autorités de santé aux polémiques soulevées par les anti-vaccinaux sont souvent retardées, parfois inquiétantes. Les avis de pharmacovigilance ont été dans l’ensemble bien compris par les vaccinateurs, à l’exception notable de la vaccination contre le rotavirus ».
« La survenue de cas d’invagination intestinale aiguë (IIA), essentiellement dans les 7 jours suivant la première dose, est un effet indésirable reconnu (3,5 à 6 cas supplémentaires/100 000 nourrissons vaccinés) », a expliqué le Dr Caroline Semaille, de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé. Deux décès ont été rapportés en France, probablement en lien avec une prise en charge tardive, ce qui a conduit les autorités à suspendre en avril 2015 les recommandations de vaccination des nourrissons. Une décision que regrette le Pr Cohen, qui a rappelé que « cette vaccination a été introduite dans plus de 90 pays et qu’aucun ne l’a arrêté à la suite des données françaises. Deux méta-analyses, réalisées en toute indépendance (équipes du Center for disease control) ont été publiées début 2017 après 10 ans de recours à la vaccination ». Elles confirment l’efficacité de la vaccination et mettent en évidence une nette réduction des hospitalisations et des consultations pour gastro-entérite à rotavirus chez les enfants de moins de 5 ans, respectivement de 71 %, 59 % et 60 % dans les pays à mortalité infantile faible, moyenne ou élevée. Le risque d’IIA est bien précisé, notamment dans une étude récente qui souligne l’importance de bien analyser ce risque au regard des bénéfices de la vaccination.
Autre vaccin à l’origine de nombreuses polémiques en France : le vaccin antipapillomavirus ou HPV. La publication d’une étude de surveillance à 6 ans, réalisée selon une méthodologie cas-référents, apporte un éclairage intéressant. Dans ce travail portant sur 478 cas définis de maladies auto-immunes (MAI) [jeunes filles et femmes de 11 à 25 ans présentant une sclérose en plaques, une connectivite, un syndrome de Guillain-Barré, un diabète de type 1, une thyroïdite auto-immune ou un purpura thrombopénique idiopathique] et 1 869 cas référents, les pathologies analysées ont été inversement associées à la vaccination HPV, avec un odd ratio de 0,58. Cet effet protecteur apparent peut être expliqué par la prédéplétion des susceptibles, estiment les auteurs de ce travail. Mais le principal enseignement de cette étude est l’absence d’augmentation du risque de MAI après vaccination HPV. La surveillance doit se poursuivre afin de confirmer ces résultats.
D’après les communications des Prs et Drs Robert Cohen (Créteil), Caroline Semaille (Saint-Denis) et Martin Chalumeau (Paris) au congrès de la Société française de pédiatrie.
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