Cas de comptoir
Le contexte
J’hydrate ma peau tous les jours mais je crois que ça ne suffit plus. J’ai des rides qui s’installent autour de mes yeux.
Les questions à poser
Quel soin appliquez-vous ? Utilisez-vous un soin spécifique pour les yeux ? Quelle protection solaire utilisez-vous ? Avez-vous une alimentation équilibrée ? Fumez-vous ?
Quelques définitions
La substance fondamentale, située au niveau de la matrice extracellulaire du derme, est composée d’eau, de fibres de collagène, d’élastine, de glycanes et d’acide hyaluronique. Les glycanes sont des substances hydrophiles qui captent et retiennent l’eau, donnant sa consistance à la substance fondamentale. Les fibroblastes sont les cellules dermiques qui produisent du collagène et de l’élastine. Les kératinocytes sont des cellules de l’épiderme qui fabriquent la kératine. Les mélanocytes sont des cellules qui sont responsables de la couleur de la peau.
Le vieillissement cutané est un processus physiologique correspondant à l’ensemble des altérations du revêtement cutané. Il commence vers l’âge de 20 à 30 ans et se manifeste progressivement : d’abord on observe une perte de fermeté, due à une baisse des propriétés élastiques de la peau vers 35 ans. Puis un desséchement cutané se ressent, en moyenne vers 45 ans, à cause d’une altération du film hydrolipidique due à une diminution des sécrétions de sébum et de sueur. Puis le relâchement cutané se manifeste par un affaissement du visage accentuant le double menton, les bajoues et les poches. Les premières rides qui apparaissent sont les rides intersourcilières, vers 20 ans, puis suivent au cours des années les principales autres rides : les ridules périlabiales, les rides du sillon nasogénien, les rides de la patte-d’oie, puis les rides frontales.
Les rides sont la manifestation du vieillissement cutané qui tracasse le plus les femmes. Les rides d’expression sont celles qui marquent avec des contractions quotidiennes répétées : les rides horizontales du front, les rides du lion entre les sourcils, les rides de la patte-d’oie au coin externe des yeux, le sillon nasogénien entre le nez et les commissures des lèvres, les rides se situant au contour de la bouche. Les rides d’affaissement sont les rides liées à la pesanteur.
Les poches, autre sujet de préoccupation lié au vieillissement cutané sont liées à des troubles de la microcirculation veineuse et lymphatique.
Les tâches brunes concernent de nombreuses femmes à partir de 50 ans environ. Certains facteurs tels que les UV, les radicaux libres, les hormones, les médicaments sensibilisant stimulent la tyrosinase qui fabrique de la mélanine à partir de tyrosine. Ce pigment, lorsqu’il est mal réparti au niveau des kératinocytes, est responsable des tâches brunes observées avec le vieillissement. Les mains, le décolleté et le visage sont particulièrement concernés.
Un peu de physiopathologie
Avec le vieillissement, l’épiderme s’atrophie. Les kératinocytes de la couche cornée se renouvellent de moins en moins et ne stimulent plus la production de collagène par les fibroblastes. La diminution de sébum et de sueur est à l’origine d’une diminution du film hydrolipidique. L’épiderme s’amincit, ne jouant plus son rôle de barrière.
Au niveau de la jonction dermoépidermique, l’irrigation sanguine diminue, assurant de moins en moins l’échange nutritif indispensable à la « bonne santé » de la peau. Un aplatissement au niveau de cette jonction aboutit à la formation des rides et ridules sur la peau et à sa perte de fermeté.
Au niveau du derme, souvent comparé au « matelas de soutien » de la peau, les fibres d’élastine et de collagène, qui habituellement confèrent à la peau son élasticité et sa résistance, se raréfient et s’altèrent. On parle alors d’atonie du derme. Les fibroblastes, qui sont à l’origine de la sécrétion des constituants du tissu conjonctif (protéines de structure, fibres de collagène et d’élastine, glycosaminoglycanes) se renouvellent de moins en moins, à l’origine du relâchement et d’une mauvaise capacité à fixer l’eau. En effet, ce sont les glycanes qui généralement détiennent le pouvoir de retenir l’eau. Les glandes sébacées diminuent leur production de sébum, appauvrissant le film hydrolipidique de la peau et entraînant un dessèchement de la peau.
Des plis se forment et on observe au niveau du visage des bajoues, un double menton, des poches et un affaissement des paupières.
On distingue le vieillissement intrinsèque et le vieillissement extrinsèque. Ce dernier est dû à un excès de radicaux libres qui s’attaquent aux phospholipides membranaires des cellules de la peau lorsqu’ils ne sont pas neutralisés par l’organisme : c’est le stress oxydatif. Le soleil en est un des principaux facteurs : les UV et principalement les UVA (A comme âge pour mémoire) sont responsables d’une accélération du vieillissement cutané. On parle de vieillissement photo-induit. L’exposition aux rayons UV participe pour 2/3 au vieillissement cutané. La pollution agit aussi : par diminution du pH cutané, le film hydrolipidique est altéré. Quant à la responsabilité du tabac, certaines des substances toxiques contenues dans les cigarettes agissent sur l’acide hyaluronique et sur les fibres élastiques principalement, accélérant la déshydratation et la baisse de fermeté de la peau.
Le vieillissement intrinsèque est l’expression de notre horloge biologique : par exemple, au niveau des fibroblastes, des modifications chromosomiques empêchent les cellules de se diviser, les rendant plus rares. De plus, une diminution de l’activité enzymatique au sein de ces cellules provoque une dégradation du tissu conjonctif.
Les œstrogènes jouent également un rôle prépondérant dans le vieillissement cutané : ils agissent sur la synthèse de kératinocytes et de mélanocytes, sur la production de collagène, d’élastine et d’acide hyaluronique, sur l’hydratation, sur la pigmentation cutanée et sur le flux sanguin cutané. La ménopause se traduisant par une chute d’œstrogènes, cette période est particulièrement néfaste pour la peau des femmes qui s’atrophie et se dessèche.
Si le visage reflète chronologiquement toutes les étapes du vieillissement cutané, il n’est pas la seule victime. Au niveau du corps, le décolleté est aussi touché par le vieillissement cutané : l’exposition au soleil en fait une cible parfaite, d’autant plus que la sécheresse y est moins ressentie et donc moins traitée. Les deux autres zones du corps principalement atteintes sont les bras avec un relâchement de leur face postérieure et les cuisses avec un relâchement de leur face interne. Le contour des yeux est aussi une zone spécifique à cause de la finesse de la peau au niveau de cette zone, de l’absence de cellule adipeuse au niveau de l’hypoderme, du clignement des paupières et du plissement des yeux fréquents. Rides et poches apparaissent tôt sur cette zone.
Les mots du conseil
À quel âge commencer les soins anti-âge ?
Beaucoup de femmes songent à utiliser un soin antirides lorsque celles-ci sont apparues. Il est pourtant préférable d’anticiper dès l’âge de 25 ans avec des soins comportant des antioxydants et des agents hydratants. La plupart des gammes cosmétiques déclinent désormais des soins anti-âge adaptés à chaque âge : on proposera aux peaux récemment touchées par le vieillissement (environ 30 ans) un soin à base d’actifs antiglycation, antioxydants et hydratants. Pour les peaux un peu plus matures (approximativement 40 ans), un soin lissant, agissant plus spécifiquement sur les fibres de collagène et d’élastine sera adapté. Puis un actif agissant sur l’affaissement du visage et le confort cutané sera proposé aux peaux d’environ 50 ans.
Quels sont les gestes de base à effectuer pour optimiser le soin ?
Nettoyer sa peau et la démaquiller soigneusement le soir est le premier geste indispensable avant d’appliquer sa crème anti-âge. Un sérum à appliquer matin et/ou soir sous la crème permet de donner bonne mine et de préparer la peau à l’action de la crème. Puis la crème s’applique sur le visage et jusqu’à la base du cou : on a tendance à l’oublier. Certaines crèmes, contenant des filtres solaires chimiques, sont à appliquer le matin. L’utilisation d’un masque hydratant et d’un exfoliant doux une à deux fois par semaine renforce l’efficacité du traitement. Le choix du maquillage a aussi son importance : attention aux fonds de teint qui accentuent les rides et ridules.
« Mes yeux sont irrités lorsque j’applique ma crème antirides »
La peau du contour de l’œil est plus de deux fois plus fine que celle du visage. Elle est encore plus soumise à un relâchement des tissus et à une dégradation des fibres de collagène et d’élastine et subit en outre un relâchement ou une ptose des paupières. Le contour de l’œil étant une zone particulièrement fragile, il est conseillé d’appliquer un soin démaquillant et un soin traitant spécifique, au pH adapté, et de tapoter avec les doigts et effleurer légèrement de l’intérieur vers l’extérieur. Si les ridules sont fréquentes au niveau des yeux avec l’âge, les poches le sont tout autant : il est conseillé de les masser avec un geste circulaire permet de les atténuer et éventuellement de maintenir le soin anti-poches au frais pour une meilleure efficacité.
Et les habitudes à prendre ?
L’exposition au soleil étant néfaste pour la peau, il est important de le rappeler aux femmes qui veulent bronzer à tout prix. Non seulement une crème solaire adaptée est indispensable en cas d’exposition, mais en plus un filtre solaire intégré à la crème que l’on applique le matin permettra de protéger la peau de l’exposition aux UV.
Éviter le tabac, l’alcool et opter pour une alimentation saine et équilibrée, riche en antioxydants, sont les conseils courants qui s’appliquent aussi lorsqu’on parle de la peau.
En quoi consistent les interventions dermatologiques ?
Le peeling consiste à nettoyer les cellules épidermiques superficielles mortes de manière à activer le renouvellement cellulaire. Il est particulièrement intéressant chez les peaux prématurément vieillies avec le soleil. Le peeling superficiel, utilisant principalement l’acide glycolique, nécessite une préparation de la peau et une adaptation croissante des doses. Il permet de donner un coup d’éclat à la peau, en la rendant adoucie, moins terne et plus claire mais c’est une technique irritante et non adaptée aux peaux sensibles. Les peelings moyens et profonds utilisent des produits plus agressifs tels que l’acide trichloracétique ou des alphahydroxyacides plus dosés. La dermabrasion consiste à « nettoyer » jusqu’au derme. Les injections intradermiques de collagène ou d’acide hyaluronique résorbables visent, quant à elles, à combler l’affaissement de la peau. L’acide hyaluronique est stabilisé pour devenir un filler. La toxine botulique, en paralysant le muscle strié, agit sur les rides frontales, péri-orbitaires et intersourcilières.
Et les hommes ?
Même si les rides des hommes sont réputées avoir plus de charme que celles des femmes, elles n’en restent pas moins un signe du vieillissement contre lequel les hommes sont de plus en plus nombreux à vouloir lutter. La peau des hommes est au départ plus riche en collagène et plus élastique que celle des femmes, mais elle est soumise aux agressions du rasage et souvent à un manque d’hydratation. Un soin complet à base d’hydratants et d’antiradicalaires à la texture légère leur sera conseillé.
Les produits conseils
Chaque pot a son hydratant, que ce soit des acides gras essentiels, des agents hygroscopiques (glycérine, urée), des polymères hydrophiles de poids moléculaire élevé (collagène, acide hyaluronique…), des céramides, des liposomes, du squalane, du beurre de karité… L’acide hyaluronique est hygroscopique, il retient jusqu’à mille fois son poids en eau. Il permet de restaurer l’épaisseur épidermique et dermique. Les acides gras essentiels restaurent la barrière cutanée et participent à l’hydratation de la peau : on les retrouve dans des huiles : huile d’argan, d’onagre, de camélia, de sésame, d’amande douce, de coprah, de jojoba, de noyau d’abricot… Les céramides agissent aussi sur le film hydrolipidique de surface.
Pour assurer l’effet antirides, tenseur et liftant, les stimulants cellulaires et les activateurs de fibres de collagène et d’élastine sont nombreux. Parmi eux, le rétinaldéhyde et le rétinol, précurseurs de l’acide rétinoïque, activent le renouvellement cellulaire et stimulent la fabrication de collagène : ils agissent à la fois sur les rides et sur la tonicité de la peau. On trouve aussi le madécassoside (extrait de Centella asiatica), la cytonacre qui a une action proche des estrogènes sur la peau (agit sur l’épaisseur de l’épiderme et sur la distribution de mélanocytes), la neurosensine qui lutte contre le stress « micro-inflammatoire, l’aminokine, le pro-xylane, les OPC de raisin, la vitamine C, le lierre, l’alchemille, la prêle, le resvératrol… Moins classique, une technologie d’électrostimulation intégrée à une crème anti-âge crée des microcourants pour stimuler les cellules, la production de collagène et d’élastine (technologie e-pulse).
Les alphahydroxyacides (AHA) sont exfoliants et kératorégulateurs. Ils éliminent les cellules mortes de l’épiderme, améliorant le teint et la rugosité de la peau, et accélèrent le renouvellement cellulaire en stimulant la synthèse de collagène et d’élastine. Ce sont par exemple l’acide lactique ou l’acide glycolique. Grâce à leur action desquamante, ils éliminent aussi la mélanine et agissent ainsi sur les tâches brunes. Attention aux picotements qu’ils peuvent engendrer : espacer les applications si besoin.
Les actifs antiglycation permettent d’agir sur la rigidification des fibres de collagène : on trouve par exemple le silicium ou la carnosine.
Les principaux antioxydants utilisés pour lutter contre le stress oxydatif sont les vitamines C et E, le sélénium, le zinc, le bêtacarotène, le manganèse, certains extraits végétaux, les polyphénols de pépins de raisin, la mélisse du Vercors.
À certaines formulations sont intégrés des vasculoprotecteurs comme le ginkgo biloba ou la vigne rouge. Ils permettent d’activer la microcirculation et d’assurer de meilleurs échanges nutritifs entre le derme et l’épiderme.
Des adoucissants sont aussi parfois ajoutés : extrait de feuilles de pêcher, bisabolol…
Les compléments alimentaires sont composés d’acides gras essentiels et d’antioxydants. Les acides gras essentiels (omega 3 dans les huiles de poisson et omega 6 dans l’huile de bourrache ou l’huile d’onagre) renforcent la barrière lipidique en s’incorporant aux phospholipides membranaires des cellules de l’épiderme, assurant ainsi l’hydratation de la peau. Les antioxydants (sélénium, vitamines A, C et E, zinc, caroténoïdes) sont des piégeurs de radicaux libres.
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