Un vaccin existant, ciblant le méningocoque B, vient de montrer son efficacité contre le gonocoque, responsable de la blennorragie, infection sexuellement transmissible de plus en plus résistante aux traitements.
En augmentation, les infections à gonocoques (ou blennorragie) sont de plus en plus résistantes aux traitements antibiotiques dans le monde entier. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d'ailleurs récemment alerté sur cet inquiétant phénomène dans un communiqué. Pour y faire face, la piste vaccinale apparaît intéressante, mais aucun candidat vaccin ne s’est montré efficace jusqu’alors. Cependant, une étude néo-zélandaise publiée dans « The Lancet » montre qu’un vaccin déjà sur le marché, le vaccin contre le méningocoque du groupe B (Neisseria Meningitidis B), permet de diminuer l’incidence des infections à gonocoque (dues à Neisseria gonorrhoeae).
Ce vaccin, le MenZB, a été utilisé lors d'une campagne nationale de vaccination de masse menée en Nouvelle-Zélande entre 2004 et 2006, qui concernait 1 million de personnes. À partir des données de 11 centres de santé sexuelle et de 14 730 cas d’IST (1 241 infections à gonocoque, 12 487 cas de chlamydia et 10 002 co-infections), des chercheurs de l'université d'Auckland ont mis en évidence que le risque d'infection à gonocoque était réduit de 31 % chez des sujets âgés de 15 à 30 ans ayant été vaccinés par rapport à des sujets non vaccinés. « C’est la première fois qu’on observe une protection contre la gonorrhée grâce à un vaccin », avance le Dr Helen Petousis-Harris (université d'Auckland), co-auteur de l'étude. « Le mécanisme de cette réponse immunitaire est pour l’instant inconnu, mais l'efficacité croisée est plausible sur le plan physiopathologique, dans la mesure où les souches bactériennes Neisseria gonorrhoea et Neisseria meningitidis partagent 80-90 % de leur patrimoine génétique », ajoute-t-elle.
Aujourd’hui, le vaccin utilisé lors de la campagne de vaccination néozélandaise n’est plus disponible. Selon les auteurs, d’autres recherches sont nécessaires pour vérifier si les vaccins récents contre le méningocoque, notamment le Bexsero commercialisé en France, ont un effet similaire au MenZB sur l’infection à gonocoque. « Si c'est le cas, le fait de les administrer à l'adolescence pourrait faire baisser le nombre de cas de gonorrhée », estime le Pr Steven Black, co-auteur de l'étude (hôpital pour enfants de Cincinnati, États-Unis).
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