L’OBÉSITÉ ET LE SURPOIDS sont le problème numéro un de l’adolescent, aucun trouble n’ayant cette importance ni cette prévalence. Alors que l’anorexie grave est rarissime (0,5 % de la population adolescente) et majoritairement féminine, la proportion des adolescents obèses est de 10 % et concerne autant les filles que les garçons. Obèses et anorexiques sont mal considérés par le monde des soignants qui projette ses propres images sur ce type de patients. L’obèse est névrotique par rapport à ce qui ne lui plaît pas, ce corps qu’il ne supporte plus et qu’il détruit en se laissant aller, alors que l’anorexique l’est par rapport à ce qui lui plaît, c’est la négation de l’image et l’hypermaîtrise de soi. « Dans les deux cas, ce sont des troubles de l’image de soi ; à partir du moment où l’image est au centre de tout, le corps et le regard des autres prennent une importance démesurée », explique le Pr Marcel Rufo, pédopsychiatre. La culpabilité peut commencer dès la naissance lorsque la mère a eu, elle-même, des problèmes de poids : l’enfant ne veut pas maigrir, il se sent protégé par son obésité et ne veut pas décevoir sa mère. L’image de soi continue de se démolir à l’école ; il faut savoir que, dès le primaire, 10 % des enfants sont victimes au quotidien de harcèlement, dont la cause principale est le surpoids.
Une médecine par tranche d’âge.
Le rôle des médecins généralistes est capital dans le repérage des troubles ; ils tirent la sonnette d’alarme, mais ils ne peuvent pas régler seuls le problème. « Tant que l’adolescent ne s’assume pas, rien de ce qu’on peut mettre en place ne fonctionne vraiment. La maîtrise du poids doit commencer très tôt, vers cinq ou six ans, affirme le pédopsychiatre. Il y a des familles de gros. On peut jouer sur son poids si on se sent bien dans l’existence, alors que, dans le cas contraire, on a tendance à beaucoup manger. La prise en charge des adolescents obèses, justifie une discipline médicale spécifique ; je milite pour une médecine par tranche d’âge et non par spécialités ou pathologies et je vais bientôt la proposer comme une nouvelle discipline à enseigner. » Le jeune obèse souffre sociologiquement, psychologiquement, et parfois physiquement. En dehors des obésités pathologiques, qui doivent être traitées par tous les moyens, le surpoids relève davantage de la gestion. La thérapeutique doit se concentrer sur les groupes de paroles : un adolescent qui ne veut pas faire de régime ou qui refuse la psychothérapie et l’hospitalisation, acceptera plus facilement de rencontrer des camarades qui sont dans la même situation que lui.
Après avoir dirigé pendant cinq ans la Maison de Solenn à Paris, le Pr Rufo a créé, en 2012, l’Établissement méditerranéen de l’adolescence (EMA) à l’hôpital Salvator de Marseille. Alors qu’il dispose de tout ce qu’il faut en termes de médecine et de psychiatrie, l’hôpital est peu médicalisé, la maladie y est rendue « anecdotique ». Comme la Maison de Solenn, c’est un espace sans blouse blanche, ouvert sur la ville et sur la vie, où les jeunes en perte de repères ne sont pas déconnectés de leurs amis, de leur famille, d’Internet, de la musique, de la culture.
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