Une piste dans le traitement de l’obésité

Le resvératrol diminue la prise

Publié le 28/06/2010
Article réservé aux abonnés
Le Microcèbe (Microcebus murinus) en captivité en train de manger

Le Microcèbe (Microcebus murinus) en captivité en train de manger
Crédit photo : É. Gueton/CNRS/MNHN

UNE ÉQUIPE française montre que le resvératrol – un polyphénol présent dans la peau du raisin, les mûres et les cacahuètes – diminue la prise de poids chez des primates non humains, en l’occurrence des lémuriens. Ces résultats apportent de nouvelles informations concernant les effets du resvératrol sur le métabolisme énergétique et le contrôle de la masse corporelle chez les primates. Ils laissent entrevoir une meilleure compréhension des facteurs qui régissent l’obésité chez l’homme.

Le resvératrol est un composé polyphénolique pour l’instant très étudié pour ses effets sur le vieillissement ; chez de nombreux modèles animaux, en effet, il a montré des effets sur l’augmentation de la longévité. On sait aussi que le resvératrol améliore l’état de santé et la survie de souris suivant un régime hyperlipidique ; toutefois, aucune étude dans ce domaine n’avait encore été menée chez des primates. C’est dire l’intérêt du travail de l’équipe de Fabienne Aujard (CNRS/Museum national d’histoire naturelle), qui a porté sur les effets du resvératrol sur le métabolisme d’un primate, le microcèbe (Microcebus murinus). Ce lémurien, qui vit entre 8 et 10 ans, constitue un modèle animal de l’étude du vieillissement. Il présente des rythmes saisonniers très marqués, explique un communiqué ; son poids et son métabolisme fluctuant selon les saisons.

Les chercheurs français ont ajouté du resvératrol à la nourriture de microcèbes (200 mg/kg/j) en mesurant régulièrement leur température corporelle, la prise de poids et le métabolisme de repos. Après 4 semaines, on a constaté que les animaux ont diminué leur prise alimentaire de 13 % et augmenté leur taux métabolique de repos de 29 %.

« L’ingestion de resvératrol a donc permis aux animaux de ralentir considérablement leur prise de poids à une période de l’année où ils présentent une tendance naturelle à engraisser en vue de stocker un maximum d’énergie avant leur saison de reproduction. » Une modification de la température a aussi été notée.

Ces données à court terme sont confirmées par les premiers résultats obtenus par cette même équipe dans le cadre du projet RESTRIKAL, étude qui porte sur les effets à long terme du resvératrol sur le retard d’apparition des déficits liés à l’âge et sur l’augmentation de la longévité des microcèbes.

Ce résultat, précise le communiqué, constitue une étape importante vers le développement de traitements contre l’obésité chez l’homme résultant d’un déséquilibre prolongé entre les apports et les dépenses énergétiques.

Dal-Pan A., Blac S. Aujard F. BMC Physiology, 2010.
› Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2762