Le préservatif à 20 centimes relance le réflexe de prévention

TRISTE RECORD. La France fait figure de cancre avec la plus faible consommation de préservatifs en Europe. Elle serait passée de 120 000 unités vendues en 1997, à 90 000 en 2008. Deux causes essentielles : le sida fait moins peur depuis le développement des trithérapies qui permettent de vivre avec la maladie, et le prix du préservatif paraît parfois trop élevé.

Trois acteurs ont donc saisi le problème à bras-le-corps et relancé en juin dernier l’opération « Sortez couverts ! », un slogan inventé par l’animateur Christophe Dechavanne en 1988. L’opération est déjà couronnée de succès puisque le marché du préservatif est visiblement redynamisé. Les derniers chiffres livrés par IMS font état de 95 millions d’unités vendues. « Au moment du lancement de l’opération, on a noté une progression des ventes de 6,5 % en pharmacie, sur un marché jusqu’alors en baisse constante. Une progression globale, qui ne concerne pas seulement le préservatif à 20 centimes ou la boîte de 12 à 2 euros. L’ensemble des références a bénéficié d’une amélioration de la consommation, y compris celles que l’on trouve hors circuit pharmaceutique », souligne Bertrand Vignaud, codirigeant et cofondateur de la société Polidis.

Offre de prix agressive.

Entreprise militante créée en 1986, Polidis a commencé par développer une gamme de préservatifs et participe à l’opération « Sortez couverts ! » depuis son lancement en 1992. Avec un catalogue restreint de dispositifs médicaux à son actif (tests de grossesse et d’ovulation, lunettes-loupes, bouchons d’oreille, thermomètre, etc.), soit une quarantaine de références dont une douzaine de préservatifs, Polidis cherche à gagner en notoriété, en particulier auprès des officinaux.

« Ils se rendent compte que cela fait 20 ans qu’on vient les voir, avec une offre de prix parmi les plus agressives. 2009 a été une année forte avec le lancement de la nouvelle formule de « Sortez couverts ! » et l’implication de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Valérie Pécresse pour équiper les universités et les résidences universitaires de distributeurs de préservatifs. À cela s’ajoute le concours de l’association Croix verte et ruban rouge, le gain de 100 000 euros pour l’association par Christophe Dechavanne à l’émission « Qui veut gagner des millions ? », ainsi qu’un partenariat avec l’association Aides qui est en cours de finalisation », énumère Patrick Pisa, codirigeant et cofondateur de Polidis. Sans oublier le soutien de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot et du président de la République, Nicolas Sarkozy.

Promouvoir le préservatif.

Les occasions ont été multiples de rappeler que le sida tue toujours, qu’il n’existe ni vaccin, ni traitement permettant d’en guérir, que l’utilisation du préservatif est le seul moyen de s’en prémunir, etc. Et ce n’est pas fini. Après le Sidaction qui vient de se clôturer, l’association Aides prévoit en mai une distribution, en pleine rue et partout en France, d’une pochette « Sortez couverts ! » contenant préservatif et gel lubrifiant. « C’est une première de voir une telle association promouvoir l’achat de préservatifs en pharmacie. Jusqu’alors ils refusaient de promouvoir un circuit plutôt qu’un autre. Mais elle est consciente que l’opération bénéficie à tous les circuits et surtout aide à promouvoir le préservatif », ajoutent les dirigeants de Polidis.

Aujourd’hui, ce sont 15 000 pharmacies françaises qui participent à « Sortez couverts ». Une opération qui fait appel au rôle de prévention et d’acteur de la santé publique du pharmacien.