La moelle osseuse n’est plus l’unique site de production des plaquettes, il faudra désormais compter sur les poumons.
Les chercheurs du département de médecine de l’université de Californie de San Francisco (UCSF) ont publié dans « Nature », une lettre dans laquelle ils décrivent les travaux menés chez la souris qui leur ont permis de parvenir à cette surprenante conclusion.
Les auteurs ont utilisé la microscopie électronique afin d’explorer les poumons de souris vivantes. Ils y ont découvert un réservoir de cellules souches sanguines et de mégacaryocytes capables de restaurer la production de plaquettes chez ces animaux en déficit. « La présence de mégacaryocytes dans le poumon est connue depuis les années 1970 ou 80, y compris chez l’homme », affirme au « Quotidien » Emma Lefrançais, premier auteur de l’étude et membre du département de médecine de l’UCSF. « Ce que nous observons pour la première fois, c’est la présence de deux populations de mégacaryocytes : des mégacaryocytes immatures présents dans l’espace extravasculaire, et des mégacaryocytes matures circulants capables de produire des plaquettes », poursuit-elle.
Un nombre important de mégacaryocytes
Les chercheurs ont utilisé un microscope biphotonique intravital, qui permet de visualiser le comportement individuel de chaque cellule. Ils ont ainsi noté la présence d’un nombre étonnamment élevé de mégacaryocytes. Selon une estimation rendue possible par la microscopie électronique, ce sont 10 millions de plaquettes qui seraient produites chaque heure dans les poumons des souris, soit plus de la moitié des plaquettes produites par l’animal.
Une exploration plus poussée a mis en évidence la présence de cellules souches sanguines dans l’espace extravasculaire. « Il n’y a pas de production de cellules sanguines dans le poumon même, mais en cas de besoin, ces cellules souches peuvent migrer vers la moelle osseuse pour aider à la production de lymphocytes ou de neutrophiles », précise Emma Lefrançais.
La moelle et le poumon communiquent
Les auteurs se sont ensuite posé la question de la relation entre ces cellules souches nouvellement découvertes, et celles déjà connues dans la moelle osseuse. Ils ont répondu en greffant des poumons de souris normales sur des souris génétiquement modifiées, dont les mégacaryocytes sont fluorescents. Au bout de 3 mois, des mégacaryocytes fluorescents étaient détectés dans le système vasculaire des poumons fraîchement greffés.
En greffant des poumons dotés de mégacaryocytes fluorescents chez des souris normales dont la moelle osseuse a été endommagée, l’équipe de scientifiques californiens a noté que, dans un premier temps, les mégacaryocytes du greffon se suractivent pour rétablir la numération plaquettaire. Dans un second temps, les cellules souches hématopoïétiques migrent du poumon vers la moelle des souris, ce qui a pour effet de rétablir également la production de neutrophiles, de lymphocytes B et de lymphocytes T.
De tels résultats pourraient avoir un impact fort sur la compréhension des mécanismes de pathologie comme la thrombocytopénie. « Au lieu de transférer des plaquettes pour traiter cette pathologie, il pourrait être plus efficace d’injecter des mégacaryocytes, explique Emma Lefrançais. Le poumon pourrait alors servir de bioréacteur pour la production de plaquette. » Les auteurs posent aussi la question de l’effet de la présence de ces cellules souches dans le poumon sur la sécurité des greffes pulmonaires. « Il ne faut plus considérer le poumon comme un simple organe destiné
à la respiration », conclue Emma Lefrançais.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques