LORSQU’ELLE débute précocement, la maladie d’Alzheimer est souvent difficile à diagnostiquer. Elle est même confondue avec d’autres pathologies neurologiques quand le trouble de la mémoire, si évocateur, est absent. C’est à l’évaluation de ces erreurs diagnostiques que s’est attelée une équipe de Barcelone, M. Balasa et coll. Ils ont mis en évidence qu’un tiers des Alzheimer débutant avant 60 ans se présente de façon atypique et qu’alors, plus d’une fois sur deux, l’affection n’est pas dépistée.
Pour parvenir à leur objectif, les Catalans se sont fondés sur l’analyse rétrospective associée à l’anatomopathologie, seule confirmation de l’Alzheimer. Sur les 54 cas initialement retenus, 40 ont pu faire l’objet de l’étude (25 hommes, 15 femmes). L’âge moyen de début dans ces formes précoces était de 54,5 ans (de 46 à 60 ans). L’affection avait duré onze ans en moyenne. Quelque trois ans s’écoulent avant que le diagnostic ne soit posé, que la symptomatologie soit typique ou non. Selon les auteurs, il faut y voir le piège du jeune âge du patient ou une approche étiologique différente pour le trouble mnésique.
Les confusions diagnostiques.
Lorsque existait un trouble de la mémoire épisodique, la maladie d’Alzheimer a été évoquée 24 fois sur 25. En revanche, ce symptôme clinique était absent dans 37,5 % des cas (15 cas). Des diagnostics erronés ont alors été portés… rarement rectifiés. La maladie d’Alzheimer a été confondue essentiellement avec la dégénérescence lobaire fronto-temporale, la dégénérescence cortico-basale, ainsi qu’avec des pathologies non dégénératives (hydrocéphalie à pression normale ou tout simplement troubles de l’humeur). Les confusions diagnostiques se font surtout avec les pathologies frontales, caractérisées par des troubles exécutifs ou comportementaux. « Cependant, la maladie d’Alzheimer est une cause fréquente de démence à début précoce et devrait être toujours considérée comme un diagnostic différentiel », écrivent M. Balasa et coll. Au total, les auteurs ont retrouvé deux dégénérescences lobaires fronto-temporales dans leur forme comportementale, deux hydrocéphalies à pression normale, une démence sémantique, une aphasie progressive primaire, une dégénérescence cortico-basale, une pseudo-démence avec dépression et une démence inclassifiable. Cependant, il ne faut pas négliger le fait que certaines de ces affections peuvent être concomitantes d’un Alzheimer. Il en va ainsi de l’atrophie corticale postérieure ou de la dégénérescence corticobasale. Il est également classique de découvrir un trouble de langage au début d’un Alzheimer ou d’une dégénérescence lobaire fronto-temporale.
Au plan de l’anatomie pathologique dans un nombre significatif de cas, il existait une association entre l’Alzheimer et des corps de Lewy. Ce qui ne change pas fondamentalement le diagnostic et influe peu sur la clinique, admettent les chercheurs.
Le gène de l’APOE4 était porté par 41 % des patients.
Utilisant le matériel tissulaire dont ils disposaient, les Espagnols ont réalisé un génotypage des patients pour le gène APOE epsilon 4. L’objectif était ici d’établir une corrélation entre le génotype et l’expression clinique de l’affection. Le gène était porté par 41 % des patients. Mais il n’influait pas sur la présentation clinique de la maladie. Des études antérieures ont pourtant montré une moindre fréquence d’epsilon 4 dans les formes sans trouble de la mémoire. Cette différence pourrait être attribuée à des données incomplètes dans ces travaux ou à une cohorte espagnole trop petite. L’allèle APOE epsilon 4, enfin, était 3,3 fois plus fréquent en cas de maladie d’Alzheimer familiale.
Ce travail montre deux faiblesses. Tout d’abord, le recueil rétrospectif des données peut avoir omis certaines informations cliniques, surtout terminales. Ensuite, les cliniciens peuvent être plus enclins à accepter les prélèvements de cerveau en cas de doute diagnostique.
M. Balasa et coll. concluent sur le besoin de marqueurs de la maladie d’Alzheimer (dans le LCR ou en neuro-imagerie) pour parvenir à un diagnostic exact et précoce. L’intérêt concerne la qualité de vie du patient, en attendant l’arrivée de traitements plus puissants.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques