Depuis le 28 mai 2018, certains substituts nicotiniques peuvent être pris en charge par l’assurance-maladie à hauteur de 65 %. Aujourd'hui, une soixantaine de références sont ainsi remboursables, toutes présentations confondues.
De plus, la liste des professionnels de santé habilités à prescrire ces substituts a été étendue en 2016, incluant les sages-femmes, les dentistes, les infirmiers, les kinésithérapeutes, les médecins du travail… mais pas les pharmaciens ! Une ineptie qu'a dénoncée Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), lors d’un colloque sur le sevrage tabagique organisé par « le Quotidien du pharmacien » et « Le Quotidien du médecin » en décembre dernier.
Le sevrage en échec
« En effet, lorsqu’un patient vient demander des conseils au pharmacien pour arrêter de fumer, la discussion s’arrête lorsqu’on aborde la prise en charge. Car, pour se faire rembourser, le patient doit d’abord avoir une ordonnance, puis revenir à la pharmacie qui lui délivrera des substituts nicotiniques », explique Gilles Bonnefond. Un parcours qui ne vient pas faciliter la tâche au patient, et qui se solde souvent par un échec. Car le patient perd alors sa motivation - souvent fragile - d’arrêter la cigarette.
Rappelons que les actions des autorités de santé menées pour favoriser le sevrage tabagique ont connu quelques évolutions en 20 ans. En décembre 1999, les substituts nicotiniques sont délistés. Puis, en 2006, ils sont pris en charge dans le cadre d'un forfait de 50 euros, qui passe, en 2007, à 150 euros par an et par bénéficiaire. En janvier 2016, la liste des professionnels de santé autorisés à les prescrire est étendue, et enfin, le 28 mai 2018, certains substituts deviennent remboursables.
Malgré ces actions, le problème n’est pas résolu : la France compte plus de 13 millions de fumeurs quotidiens de tabac (28,7 % des 15-75 ans), selon le baromètre santé 2016. Ces taux sont parmi les plus élevés recensés parmi les pays occidentaux.
Un problème politique
Pour Pierre Rouzaud, médecin et membre du réseau Tabac & Liberté, le problème reste politique : « on liste, on déliste, on généralise la prescription, mais on exclut le pharmacien… La démarche n’est donc pas complète pour que le sevrage tabagique soit une réussite. Il faut que les autorités de santé aillent plus loin, en incluant le pharmacien et en organisant la coordination du sevrage autour du médecin traitant », martèle-t-il.
En effet, « le fait qu’il y ait un remboursement sur prescription empêche le pharmacien d’initier le traitement, alors qu’il est en première ligne quand le patient souhaite arrêter de fumer, déplore Gilles Bonnefond. De plus, dans le cas du sevrage tabagique, l’ordonnance ne vient pas objectiver un diagnostic, elle n’est qu’un permis de rembourser ».
Afin de diminuer sensiblement le nombre de fumeurs, Gilles Bonnefond avance une idée. « Nous avons proposé à Nicolas Revel, directeur de l’assurance-maladie, d’autoriser les pharmaciens à accompagner les patients pendant 6 mois, au moment du démarrage d’un traitement par substituts nicotiniques », évoque le président de l’USPO. Un travail pharmaceutique qui serait effectué dans le cadre d’une coordination interprofessionnelle. « En effet, parfois, la prescription de substituts nicotiniques n’est pas suffisante. Dans ce cas, ou lorsque le cas du patient est compliqué, le pharmacien pourra le réorienter vers des acteurs plus spécialisés », propose Gilles Bonnefond.
L’objectif n’est pas seulement d’inclure le pharmacien dans le dispositif, mais surtout de faciliter le parcours pour que le patient soit encouragé à entrer dans le sevrage tabagique. Une stratégie qui demande à inclure tous les professionnels de santé concernés, avec un travail coordonné.
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