La gale, ou scabiose (ou encore gale sarcoptique humaine), est une affection très cosmopolite et très contagieuse, sévissant surtout (mais pas exclusivement !) dans les milieux défavorisés ainsi qu’au sein des établissements recevant des personnes âgées.
Touchant tous les âges et tous les milieux sociaux, la gale est due à une colonisation de la couche cornée de l’épiderme par un acarien, un sarcopte spécifique de l’homme, Sarcoptes scabiei, dont l’adulte mesure moins de 0,5 mm de long.
Pour important à connaître, si le sarcopte de la gale humaine ne se développe pas chez les animaux de compagnie, comme les chiens et les chats, ces derniers peuvent être néanmoins des vecteurs ponctuels au même titre que la literie, le linge, les meubles ou les vêtements. À l’inverse, de nombreux sarcoptes d’animaux de rente peuvent causer, quoique rarement, des gales chez l’homme sous des formes localisées et bénignes.
Le réservoir est donc représenté par les squames cutanées d’une peau infestée.
La durée de survie du parasite dans le milieu extérieur dépend de sa nature : 24 à 48 heures pour un adulte, 5 jours pour une larve et une dizaine de jours pour un œuf.
Dans près de 95 % des cas, la transmission est interhumaine, en général directement, notamment lors des rapports sexuels. La durée moyenne d’incubation est de 3 semaines à 1 mois, beaucoup moins en cas de réinfestation (3 jours). Le sarcopte femelle fécondé (le mâle meurt après la fécondation) creuse un tunnel (qui met donc les parasites à l’abri des mesures hygiéniques habituelles) dans la couche cornée et y pond ses œufs, puis disparaît à son tour. Les œufs éclosent en 3 à 4 jours et se transforment en adulte en 10 à 15. Le cycle parasitaire dure donc une vingtaine de jours. Attention : le patient est contagieux durant la période d’incubation.
Le signe clinique majeur est représenté par un prurit intense (phénomène allergique) à recrudescence nocturne (rôle de la chaleur du lit) ou lors d’un bain chaud, épargnant typiquement le visage (sauf chez le jeune enfant) et le dos, souvent associé à des lésions de grattage et à des surinfections. À l’observation, on identifie la présence de fins sillons sinueux (plus ou moins sombres, de 5 à 10 mm de long) à extrémité papuleuse (difficiles à trouver en pratique), et des nodules scabieux, bruns ou rouges, localisés aux aisselles, aux avant-bras, aux plis du coude, au scrotum, à l’aine, aux flancs, à la ceinture, à la face interne des fesses, aux poignets, entre les doigts, autour des mamelons chez la femme et au niveau de la plante des pieds chez le nourrisson.
On distingue trois formes cliniques de gale : la gale commune (localisations précédemment citées), la gale profuse (souvent conséquence d’un traitement tardif ou d’une erreur thérapeutique comme une corticothérapie locale intempestive, elle se caractérise par des signes atypiques, comme une éruption rouge vif sans sillons, papuleuse, vésiculeuse et extrêmement prurigineuse) et la gale hyperkératosique (érythrodermie généralisée et hyperkératose pouvant s’étendre à toute la surface corporelle, y compris le visage et le cuir chevelu, le prurit étant discret, voire absent).
Chez les personnes âgées ou immunodéprimées, la gale peut revêtir un aspect particulier (« gale norvégienne »), avec des lésions plus étendues, recouvertes de croûtes et situées de préférence au niveau des extrémités.
Le diagnostic, surtout clinique, peut être également établi par la mise en évidence au microscope des sarcoptes et/ou de leurs œufs sur un prélèvement réalisé par le grattage d’une lésion au vaccinostyle. Une gale surinfectée siégeant au niveau génital peut être confondue avec une syphilis ou un chancre mou. Un élément clé est représenté par l’existence d’un contexte familial de symptômes similaires.
La recherche d’autres infections sexuellement transmissibles est fortement recommandée.
La gale humaine ne guérit pas spontanément. L’évolution naturelle se fait vers la généralisation et l’aggravation par des surinfections pouvant prendre la forme d’une pyodermite, d’un eczéma, d’un prurigo (prurit intense de la peau avec des papules érythémateuses et vésiculeuses associées à des lésions de grattage)…
Il est essentiel que toutes les personnes vivant au foyer (voire de l’entourage) soient traitées en même temps, même si elles ne présentent pas de symptômes, sinon il existe un risque élevé de recontamination.
Les traitements mettent à profit des produits à base de benzoate de benzyle et les pyréthrines par voie externe et l’ivermectine par voie interne. Une courte corticothérapie locale peut être nécessaire en cas d’eczématisation.
Les antihistaminiques H1 peuvent être utilisés pour atténuer le prurit et des antiseptiques et/ou antibiotiques en cas de surinfection.
Dans la gale hyperkératosique, il convient de décaper les lésions avec de la vaseline salicylée à 10 % et d’enlever les croûtes avant l’application d’un traitement local.
Un second traitement est conseillé 10 jours après le premier en cas de persistance des démangeaisons.
3 questions à…
Françoise Amouroux
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