LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Qu’entend-on par maladies émergentes ?
DR ARNAUD FONTANET.- On peut en distinguer trois catégories en fonction de leur modalité d’émergence. C’est ainsi qu’on identifie les maladies infectieuses qui ont franchi la barrière d’espèce entre animal et homme (c’est le cas, par exemple du virus du Sida, des coronavirus à l’origine du SRAS et du MERS), les mutations ou recombinaisons génétiques affectant les virus (grippe) ou les bactéries (tuberculoses résistantes) et la colonisation par des agents infectieux de nouvelles zones géographiques (chikungunya).
Le voyageur est-il très menacé par les maladies émergentes ?
Il faut remettre les choses à leur vraie place. En effet, les maladies infectieuses au sens large représentent une part relativement mineure des dangers qui menacent les voyageurs, tout en rappelant la fréquence des diarrhées infectieuses, et la mortalité induite est faible.
En termes de maladies infectieuses, la première préoccupation du voyageur demeure le paludisme, qui n’est pas une maladie émergente comme on le sait, et contre lequel existent des moyens de préventions efficaces. Rappelons aussi l’importance d’utiliser au mieux les vaccins existants.
Cela étant, il est clair que nous sommes plus démunis au regard de la prévention d’autres pathologies infectieuses, parmi lesquelles certaines peuvent être classées parmi les maladies émergentes. C’est ainsi que la dengue et le chikungunya sont de vrais sujets de ce point de vue, d’autant que leur prophylaxie est rendue plus difficile du fait que les moustiques vecteurs piquent durant la journée, ce qui impose une particulière vigilance.
Quelles sont les autres maladies émergentes susceptibles de poser des problèmes aux voyageurs ?
Elles sont peu nombreuses et nous sommes sur des échelles très différentes. C’est ainsi qu’on a dénombré environ 25 000 cas d’Ebola, et 8 000 de SRAS ; à comparer aux 600 000 décès annuels dus chaque année au paludisme. Ce qui fait peur, c’est leur potentiel de dissémination et le risque d’importation de ces maladies au sein même des pays industrialisés.
Que conseillez-vous aux voyageurs ?
De bien se renseigner, de consulter au moindre doute dans un centre de conseils aux voyageurs, d’utiliser les vaccins qui ont fait leurs preuves, de mettre en œuvre la chimioprévention et la protection antivectorielle et de ne pas oublier l’importance d’une bonne hygiène alimentaire et d’une stricte hygiène des mains, car les « petits moyens » demeurent aussi très efficaces.
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