Non, il ne s’agit pas du petit beignet frit désormais célèbre - l’orthographe n’est pas la même ! - mais d’un arbre de la famille des Méliacées (Azadirachta indica) répandu en Inde où il est connu sous l’appellation européenne de margousier. L'Ayurveda relate son usage comme antiseptique et vermifuge 2 500 ans avant notre ère : le neem y est d’ailleurs dénommé « Nimba », un terme qui évoque sa capacité à donner bonne santé.
Les plantes médicinales traditionnelles se révèlent être une mine de ressources pharmacologiques : le margousier n’échappe pas à la règle. Ainsi, une équipe internationale de pharmacologues dirigée par Gautam Sethi, à la faculté de médecine de Singapour, a récemment montré qu’une lactone terpénoïde produite en abondance dans les feuilles et les graines de cette plante, le nimbolide, bénéficie d’une action particulièrement puissante sur les tumeurs de la prostate.
La taille des tumeurs réduite de 70 %
Ce composé, dont l’activité sur divers types de tumeurs (notamment sur celles du pancréas) fait depuis quelques années l’objet de travaux dans plusieurs laboratoires, s’est révélé en effet réduire en trois mois de 70 % la taille de ces tumeurs : il inhibe la croissance et la division des cellules cancéreuses, et donc leur prolifération. Mieux même : il induit leur mort rapide par apoptose et réduit fortement leur capacité à migrer dans l’organisme, divisant d’ailleurs de moitié leur potentiel métastatique. Le nimbolide est un puissant anti-oxydant, agissant sur la glutathion-réductase, une enzyme indispensable au fonctionnement du facteur de transcription STAT3 (Signal transducer and activator of transcription 3) dont l’activation potentialise la croissance de la tumeur prostatique et sa dissémination métastatique.
Le profil de tolérance de ce composé, très favorable, en fait manifestement un candidat innovant au développement d’une nouvelle famille d’anticancéreux, dont l’action, sur les tumeurs prostatiques, gagnera à être testée rapidement en association avec des traitements de référence comme le docétaxel ou l’enzalutamide.
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