LES INCIDENCES du mélanome et la mortalité associée ont été en croissance constante au cours des 25 dernières années dans les pays développés. Une légère décroissance a récemment été observée chez les jeunes, mais pas dans la population âgée. Avec l’augmentation de la longévité, les incidences les plus élevées sont enregistrées chez les personnes âgées et en particulier chez les hommes les plus vieux.
Des Français ont mené une étude de population comparative entre différents groupes d’âge dans l’objectif de mieux identifier les caractéristiques du mélanome chez les personnes âgées. L’objectif est d’améliorer la prise en charge.
Même incidence.
Dragos Ciocan, Florent Grange et coll. (service de dermatologie hôpital Robert Debré, Reims) ont recensé 1 621 patients ayant un mélanome au stade I ou II en 2004 et 2008 dans les régions du nord-est en France. Les données ont été obtenues à partir d’un questionnaire rempli par les médecins, du registre du cancer et des laboratoires d’anatomo-pathologie.
Les caractéristiques des patients et des tumeurs, les circonstances du diagnostic et de la prise en charge ultérieure, ont été comparées entre le groupe des patients les plus âgés ( ≥ 70 ans, n = 487 ; 30 % de l’effectif) et des plus jeunes ( ‹ 70 ans, 1 134 patients ; 70 %). Il n’y a pas de différences d’incidence entre les deux tranches d’âge étudiées. Par contre, des différences identiques et notables dans la prise en charge entre les patients les plus âgés et les plus jeunes sont observées.
Les patients les plus âgés ont plus souvent des mélanomes de la tête et du cou (29,4 % versus 8,7 %). Étant donné que ces localisations sont de plus mauvais pronostic, cela peut rendre compte du pronostic chez les plus âgés.
Dans la population plus âgée, les sous types histologiques sont plus fréquemment des formes de lentigo maligna (mélanome sur mélanose de Dubreuil), ou mélanome lentigineux des extrémités (lésions pigmentées sur la paume, la plante des pieds ou sous l’ongle). Les tumeurs sont plus volontiers épaisses et ulcérées. Les formes nodulaires sont deux fois plus fréquentes. Elles sont classées dans la catégorie T3 ou T4 dans 36,7 % des cas, versus 20 % chez les plus jeunes de l’effectif.
En médecine générale.
Le diagnostic de mélanome est posé plus souvent dans un contexte de médecine générale et moins fréquemment lors d’une consultation en dermatologie ou dans le cadre d’un dépistage de principe du mélanome. En France, il n’y a pas de dépistage organisé des cancers dermatologiques, rappellent les auteurs. L’absence d’un partenaire à la maison, potentiellement examinateur, peut avoir joué un rôle, tout comme des facteurs socio-économiques plus péjoratifs chez les plus âgés. Les études ont montré que les médecins généralistes dépistent des tumeurs plus épaisses que celles diagnostiquées par les dermatologues.
Le laps de temps entre le diagnostic et l’excision large et définitive de la tumeur est plus long. Il apparaît même que 16,8 % d’entre eux (comparés à 5 % dans la population plus jeune) ont eu une excision insuffisante au niveau des marges (p ‹ 0,001).
Une biopsie du ganglion lymphatique sentinelle est réalisée chez 23,3 % des patients les plus vieux dont le mélanome est d’épaisseur supérieure à 1 mm, contre 41,1 % des plus jeunes (p ‹ 0,001).
Un traitement adjuvant est moins fréquemment mis en place et est arrêté prématurément dans un plus grand nombre de cas.
Ainsi, des variations liées à l’âge sont observées à toutes les étapes de la prise en charge du mélanome. Les besoins les plus importantes dans cette population apparaissent à la lumière de ce travail. Ils concernent l’accès des personnes âgées aux structures de soin permettant d’avoir un diagnostic précoce, puis par la suite une excision en remplissant les critères du respect de marges appropriées.
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