À CHAQUE SAISON, débarque un nouveau régime pour maigrir plus, et plus vite. Pauvre en glucides, pauvre en lipides, riche en protéines, mais quel est en définitive le plus efficace pour perdre du poids ? Une métaanalyse sur les données de 48 essais cliniques chez 7 286 sujets obèses nous répond que tous se valent à peu de chose près. Trois grands types de régimes définis selon leur composition en macronutriments (pauvre en glucides≤40 %, pauvre en lipides≤20 % ou équilibré) ont été comparés, ainsi que onze régimes connus entre eux. Le régime dit hyperprotéiné n’a pas été évalué (absence de données).
Les régimes dits équilibrés et ceux pauvres en glucides étaient les plus nombreux, et parmi eux, Atkins, Zone et Weight Watchers les plus étudiés. La différence est minime entre les différentes méthodes. Pour les régimes hypoglucidiques la perte de poids était de 8,73 kg à 6 mois et de 7,25 kg à 12 mois ; elle était quasiment équivalente pour les méthodes hypolipidiques, de 7,99 kg à 6 mois et 7,27 kg à 12 mois. Et aucun régime particulier ne ressort nettement par rapport aux autres. La différence est par exemple de 1,71 kg perdu en plus avec le régime Atkins par rapport au Zone à 6 mois.
Le virage du régime individualisé.
Le marché des régimes alimentaires, toujours florissant, saison après saison, a du mouron à se faire. Pourtant, le constat n’est pas nouveau. Plusieurs sociétés savantes, dont l’American Heart Association, The American College of Cardiology et the Obesity Society avaient déjà conclu que les régimes les plus courants sont globalement équivalents et qu’il n’existe pas de preuve pour en recommander un par rapport à un autre.
Le Dr Boris Hansel, endocrinologue à l’hôpital Bichat, Paris, partage cette position. « Le régime le plus adapté est celui auquel le sujet adhère le mieux. Cette métaanalyse très originale et rigoureuse en apporte confirmation. La perte de poids est de l’ordre de 7 % à 1 an, comme ce qui avait été trouvé précédemment ». Tous les régimes sont donc efficaces, mais dans une certaine mesure. « L’amaigrissement est modéré. On est très loin des 20 ou 30 kg promis. De plus, la perte de poids s’amenuise avec le temps. À 2 ans, elle n’est plus que de 5 à 7 %. Les effets à 5 ans ne sont pas connus mais l’impression clinique est que la perte de poids s’atténue encore ».
L’amaigrissement, modéré, n’est pas le seul enjeu dans l’alimentation des sujets obèses. Bien sûr, il faut maintenir la perte de poids sur le long terme. Et plus un régime est contraignant et « contre-nature », plus l’objectif est difficile à poursuivre. « L’adhésion du patient est un élément déterminant. Un régime doit être personnalisé, en qualité et en quantité des aliments. Certains sujets arrivent très bien à le faire seuls. D’autres ont besoin de se faire aider. Il faut pour ça aussi se libérer des diktats minceur et savoir écouter. Par exemple, un amateur de fromage s’autorisera à en manger un peu tous les jours et arrêtera complètement le chocolat. Et inversement. Il faut adapter le régime en fonction des besoins individuels. Pour maigrir durablement, il vaut mieux se sentir décidé plutôt que motivé ».
Les bénéfices du suivi et du sport.
Les régimes amaigrissants ne doivent pas faire perdre de vue la qualité de l’alimentation. Si la métaanalyse a relevé un peu plus d’effets secondaires avec le régime pauvre en glucides par rapport au régime pauvre en lipides, à savoir constipation (68 % versus 35 %), céphalées (60 % versus 40 %), halitose (38 % versus 8 %), l’éditorial rattaché met l’accent sur des effets à plus long terme, par exemple d’un régime hyperprotéiné sur la fonction rénale et les pertes calciques. Un avis partagé par l’endocrinologue parisien : « Les apports vitaminiques et en micronutriments sont à respecter. Un régime méditerranéen est équilibré et convient à beaucoup de personnes ».
Un suivi rapproché et l’exercice sportif augmentent la perte de poids. La métaanalyse a relevé qu’un soutien comportemental s’accompagne d’une perte de poids de 3,23 kg à 6 mois et 1,08 kg à 12 mois, et que l’exercice physique respectivement de 0,64 kg et 2,13 kg. Au-delà du poids, la condition physique est au moins aussi importante que l’amaigrissement. « Le "fitness" doit prévaloir sur le "fatness", explique le Dr Hansel. L’exercice physique doit être augmenté, quel que soit le poids. Il faut adapter le sport, si besoin avec un professionnel. L’obésité est une maladie chronique qui ne guérit pas. Il faut vivre avec. La perte de poids n’est que le début du projet de vie, y compris après une perte de poids importante, comme après chirurgie bariatrique ».
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