Les deux grands obstacles à l'efficacité des vaccins antigrippaux sont la variabilité des souches circulantes et les contraintes de fabrication des doses vaccinales. Parce qu'il est impossible d'élaborer un vaccin adapté à l'ensemble des souches connues, et que le choix des souches à inclure dans le vaccin saisonnier doit forcément se faire de façon probabiliste et anticipée, on estime à seulement 50 à 60 % le niveau de protection conféré par le vaccin antigrippal. Ainsi, l'anticorps susceptible de recouvrir l'hémagglutinine - protéine qui permet l'arrimage du virus grippal aux cellules des voies respiratoires -, n'est pas toujours conforme à ce qu'on espérait.
Pourtant, des travaux récemment publiés dans Science, et inspirés par la biologie du lama, pourraient redonner un peu d'espoir aux fabricants de vaccins. Des chercheurs ont en effet réussi à fabriquer des anticorps potentiellement efficaces contre tous les types de grippe A et B. Ils ont utilisé la capacité des camélidés andins à produire des anticorps bien plus petits que les nôtres. Des « nanobodies » capables de se fixer sur des zones inaccessibles aux anticorps humains. Six mois après avoir inoculé à des lamas la plupart des souches de virus grippaux A et B, les scientifiques ont récupéré plusieurs nanobodies, chacun étant capable de s'associer à plusieurs souches de grippe. Puis, ils ont formé une « mosaïque » de nanobodies apte à se fixer à plusieurs endroits de l'hémagglutinine. Injecté à des souris, ce super-anticorps a servi à construire une séquence génétique codant pour la production d'une protéine constituée de l'assemblage des parties de l'hémagglutinine identifiées grâce aux nanobodies de lama. Vous suivez ? Allez, plus qu'une étape. Cet ADN a été inséré dans un vecteur, un adénovirus bénin, qui a fini vaporisé dans le museau des souris, déclenchant une réponse immunitaire protectrice contre 60 souches différentes de grippe A et B. Le procédé est complexe, et encore soumis à nombre de validations avant une application effective chez l'homme. Il n'est donc pas certain que ce vaccin en spray venu des Andes remplace de sitôt nos bonnes vieilles seringues.
3 questions à…
Françoise Amouroux
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