Évaluer l’intérêt d’un dépistage personnalisé du cancer du sein pour les femmes de 40 à 70 ans. C’est l’un des défis que s’est lancé le Centre du sein du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph (GHPSJ) en participant, dès novembre, à une étude clinique internationale intitulée MyPeBS (My Personal Breast Screening).
Cette étude randomisée, multicentrique menée dans cinq pays européens devra inclure 85 000 femmes. Portée en France par l’Institut Gustave Roussy, MyPeBS comparera le dépistage organisé du cancer du sein à une nouvelle approche de dépistage personnalisé, basée sur l’estimation du risque individuel de développer un cancer du sein dans les années à venir. « Cette estimation sera fondée sur un score comprenant l’âge, la densité mammaire, les antécédents familiaux de cancer du sein, les antécédents de tumeur mammaire bénigne ainsi que les antécédents hormonaux et reproductifs. Un test salivaire sera également fait afin d’en extraire l’ADN et d’établir un score de risque polygénique », affirme le Dr Sophie Béranger, radiologue au Centre du sein du GHPSJ.
Vers une surveillance individualisée
Les femmes éligibles à cette étude (sans mutation ni antécédent de cancer du sein) seront randomisées et suivies pendant quatre ans. La moitié d’entre elles suivront le dépistage organisé du cancer du sein. Les autres bénéficieront d’un dépistage personnalisé. « Ces femmes devront remplir un questionnaire et faire un test salivaire. Nous les reverrons trois mois plus tard pour leur communiquer leurs résultats. Si leur risque de faire un cancer du sein est faible (moins de 1 % à 5 ans), nous leur proposerons une mammographie tous les quatre ans. En revanche, si leur risque est élevé (plus de 6 % à 5 ans), elles devront effectuer une mammographie et une IRM chaque année », précise le Dr Béranger.
Aujourd’hui, dans le cadre du dépistage organisé, toutes les femmes de 50 à 70 ans bénéficient de la même surveillance. « Or pour certaines femmes, le dépistage à partir de 50 ans est tardif. Par ailleurs, si le dépistage personnalisé du cancer du sein s’avère aussi efficace en termes de sécurité que le dépistage organisé, nous pourrions, à l’avenir, cibler les femmes qui ont moins de risque de développer un cancer du sein afin d’espacer les mammographies », souligne le Dr Béranger.
Le GHPSJ s’investit, par ailleurs, dans une étude interventionnelle, prospective, ouverte et multicentrique visant à détecter le cancer du sein grâce au flair des chiens. Intitulée KDOG, l’étude sera déployée dans 6 centres en France ; 450 patientes seront incluses. Le corps humain émet des composés organiques volatils (COV) modifiés par la présence d’une tumeur, pouvant être utilisés comme biomarqueurs du cancer. Si les chiens policiers sont dressés pour reconnaître l’odeur des stupéfiants, ils peuvent aussi être entraînés pour distinguer des COV spécifiques en petites quantités et reconnaître l’odeur du cancer. « L’objectif de KDOG est de savoir si les chiens dressés sont capables de reconnaître les lésions mammaires de catégorie 4 (indéterminée) ou 5 (typiquement malin) décelées par mammographie et/ou échographie, en comparaison avec les résultats histologiques des procédures interventionnelles percutanées », note le Dr Séverine Alran, chirurgien au Centre du sein du GHPSJ.
Concrètement, les patientes incluses dans l’étude devront poser une compresse stérile sur leur sein la veille de la biopsie et la garder pendant une nuit (entre 6 et 12 heures). « Au réveil, elles devront mettre la compresse dans une enveloppe stérile et nous l’apporter au moment de la biopsie afin qu’elle soit évaluée par un chien, au centre KDOG », explique le Dr Béranger. Si les chiens s’avèrent efficaces pour détecter un cancer, leurs capacités olfactives pourraient se positionner comme une alternative à la mammographie pour les femmes handicapées, les personnes vivant loin des hôpitaux ou celles qui refusent de subir une mammographie.
D'après une conférence de presse.
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