La preuve par les grands nombres

Le chocolat est bon pour le cœur

Publié le 06/04/2010
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Utilisant une vaste cohorte de personnes incluses dans une étude prospective, des chercheurs allemands montrent que la consommation quotidienne de 6 g de chocolat (valeur moyenne comprenant du chocolat noir et au lait) réduit le risque d’AVC et d’infarctus du myocarde de près de 40 %. Et exerce un effet hypotenseur, qui d’ailleurs rend compte pour une part de la réduction du risque des accidents cardio-vasculaires.

Crédit photo : S. toubon/« le quotidien »

POUR PRÉCISER les effets du chocolat sur le risque des maladies cardio-vasculaires, l’équipe de chercheurs allemands de Brian Buijsse et Heiner Boeing s’est livré à une investigation sur des adultes d’une étude prospective sur le cancer menée dans la région de Postdam.

Ils trouvent que la consommation de 6 g de chocolat par jour est associée à une réduction de 39 % du risque d’AVC et d’infarctus du myocarde (critère combiné). Cette relation inverse avec la consommation de chocolat est plus forte pour les AVC que pour les infarctus du myocarde.

Chez 19 357 participants (35-65 ans, inclus dans l’European Prospective Investigation into Cancer), dénués d’antécédents d’infarctus du myocarde ou d’AVC et ne prenant pas de traitement pour la TA, les consommations quotidiennes de chocolat ainsi que la TA ont été relevés à l’inclusion (1994-1998). Après un suivi moyen de 8 ans, les cas incidents d’infarctus du myocarde (n = 166) et d’AVC (n = 136) ont été analysés.

Dans le quartile des sujets consommant le plus de chocolat comparé au quartile le plus bas, la TA moyenne est inférieure de 1 mmHg pour la systolique et de 0,9 mmHg pour la diastolique.

Réduction de la tension artérielle.

Le risque relatif de la survenue d’infarctus du myocarde et d’AVC (critère combiné) est de 0,61 dans le quartile le plus haut versus le quartile le plus bas. Les réductions de la tension artérielle permettent de rendre compte de 10 à 16 % de cette réduction du risque.

Les auteurs comparent avec les résultats de la Zutphen Elderly Study, où des hommes prenant de manière courante 4 g de cacao par jour (ce qui correspond à 10 g de chocolat noir) présentent une réduction de 3,7 mmHg pour la systolique et de 2,1 mmHg pour la diastolique, comparés aux personnes ne consommant pas de chocolat. Si le résultat de la présente étude ne fait pas apparaître une différence aussi marquée, c’est dû au fait que les TA d’inclusion étaient en moyenne plus basses. « La préférence pour le chocolat au lait de nos participants peut aussi avoir contribué à un effet plus faible, car la concentration en cacao étant plus basse, celle des flavonoïdes l’est aussi. »

Depuis une décennie, les recherches sur les effets du chocolat et du cacao sur la santé ont été nombreuses. Quelques études expérimentales à court terme avaient suggéré que la prise quotidienne de quelques grammes par jour de chocolat peut améliorer les fonctions endothéliale et plaquettaire, réduire la tension artérielle, ainsi que les marqueurs de l’inflammation. On suppose que les flavonoïdes présents dans le chocolat sont responsables de ces effets. Les observations humaines sont assez rares. On peut citer deux études européennes de cohortes suggérant une relation inverse entre la consommation de chocolat et les maladies cardiovasculaires. Et deux études américaines dans lesquelles cette relation est statistiquement plus faible. Deux petites études expérimentales chez les humains ont montré que le cacao augmente le flux sanguin cérébral.

European Heart Journal, en ligne le 30 mars 2010.
› Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2739