Un généticien hors pair

Le chasseur d’ADN

Publié le 01/10/2012
Article réservé aux abonnés

IL NE SE LASSE PAS de parler d’elle. Sa meilleure amie n’est pas humaine, et pourtant elle est en chacun de nous. Elle ne parle pas, mais on la fait parler. Elle est unique, mais elle a des millions de jumelles. Elle, c’est la fameuse double hélice d’ADN découverte par James Watson et Francis Crick un beau jour de 1953. Lui, c’est le généticien Christian Siatka, également appelé le « vulgarisateur d’ADN ». Cet expert de haut vol voue une véritable passion pour l’acide désoxyribonucléique. À tout juste 40 ans, cet enseignant-chercheur dirige l’École de l’ADN de Nîmes. L’un de ses plus grands plaisirs ? Donner à voir à tout un chacun son propre ADN. Sa recette ? « Mettez dans un tube un échantillon de salive, versez de l’eau et une pincée de sel. Secouez légèrement pour casser les cellules présentes dans la salive. Ajoutez ensuite du liquide vaisselle pour libérer l’ADN et agitez délicatement. Enfin, joindre un peu d’alcool de sorte à faire ressortir l’ADN, explique le généticien. Vous verrez alors apparaître ce qu’on appelle la méduse d’ADN. » Si Christian Siatka occupe une grande part de son temps à faire œuvre de pédagogie auprès des magistrats, policiers, avocats et autres douaniers, il traite également nombre d’affaires pénales. Il est, par exemple, l’expert auquel ont été récemment confiées les cordelettes de l’affaire Grégory pour une ultime recherche d’ADN. Lorsqu’on l’interroge sur l’étendue de son expertise, le chasseur d’ADN tient à souligner que l’ADN n’est pas seulement une preuve à conviction. « Il y a 6 780 maladies génétiques rares que l’ADN a permis de diagnostiquer », rappelle-t-il, avant de mettre en garde contre les tests réalisés illégalement à l’étranger. « En France, seuls les tests effectués à la demande d’un juge ou d’un médecin sont autorisés. Il faut se rappeler que l’ADN contient toutes les informations sur une personne, mais aussi sur sa famille. Nous sommes là pour protéger les citoyens des dérives. » Le chasseur d’ADN en est aussi le gardien.

› DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2948