LORS DU congrès de l’ADA (American Diabetes Association, San Diego), deux présentations ont été consacrées au traitement du diabète de type 1 par BCG. La première décrit un essai chez les humains reproduisant un résultat obtenu chez un modèle animal de diabète de type 1. La deuxième explique pourquoi les essais de traitement du diabète fondés sur un anticorps sont des échecs lorsqu’un facteur clé de ce mécanisme vient à manquer.
La mort des cellules T autoréactives.
« Nous observons que des faibles doses de BCG peuvent permettre de faire régresser transitoirement un diabète de type 1 chez des humains », a expliqué Denise Faustman, qui a présenté les deux abstracts.
La première étude a pu être réalisée après la mise au point d’une méthode de mesure de la mort des cellules T autoréactives. Ce sont des cellules connues pour détruire la faculté du pancréas à produire de l’insuline. « Non seulement nous avons constaté et mesuré la mort de ces cellules immunitaires qui ciblent le soi, mais encore nous observons des preuves de restauration de la production de l’insuline, y compris chez des patients qui présentaient un diabète de type 1 depuis plus de 10 ans.?»
Le BCG (bacille de Calmette et Guérin), un médicament générique « qui bénéficie d’un recul de sécurité de plus de 90 ans », est approuvé aux États-Unis par la FDA, non seulement pour la vaccination contre la tuberculose, mais aussi pour le traitement du cancer de la vessie. « Il a été montré chez des souris et chez des humains que le BCG élève le TNF, Tumor Necrosis Factor, qui peut éliminer temporairement les leucocytes anormaux responsables de diabète de type 1. »
L’étude de phase I, menée en double aveugle, a fait inclure 6 patients ayant un diabète de type 1 évoluant sur le long terme, dont le diagnostic datait en moyenne de 15 ans. Ils ont reçu deux injections soit de BCG, soit de placebo (à 4 semaines d’intervalle).
Taux de peptide C.
Les examens biologiques ont été comparés à six patients non diabétiques et à des échantillons sanguins de 75 autres personnes diabétiques. On a analysé quatre paramètres : taux de cellules C autoréactives ; taux de cellules T régulatrices (qui aident au contrôle de la réponse immunitaire) ; taux d’anticorps GAD (marqueurs de l’activité pancréatique) ; taux de peptide C (marqueur de la sécrétion d’insuline).
La majorité des participants ayant reçu le BCG présentent une augmentation d’une part de la mort des cellules T autoréactives et d’autre part des cellules T régulatrices protectrices.
Une élévation temporaire mais significative du peptide C chez les patients diabétiques traités par BCG a suggéré une restauration de la production d’insuline. « De manière imprévue, une réponse identique a été observée chez l’un des patients recevant le placebo et qui par la suite a développé une infection par le virus Epstein-Barr (EBV), que l’on sait induire l’expression du TNF. »
« Les données tendent à conforter notre hypothèse, selon laquelle le BCG peut être bénéfique dans le diabète de type 1 en stimulant la production du TNF », exprime Faustman.
De plus, les données recueillies chez le patient infecté par l’EBV montrent que l’induction de l’expression du TNF à partir de sources diverses a probablement été « une composante omise dans les essais de phase II récents qui se sont soldés par un échec, essais d’anticorps contre la molécule CD3 chez des patients ayant un diabète de type 1». Ces essais avaient été mis au point de manière spécifique pour éviter la réactivation d’une infection latente par l’EBV, mais cela peut aussi avoir comme résultat un blocage de l’expression du TNF.
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