Un traitement antibiotique peut modifier profondément le microbiote intestinal, avec l’effet paradoxal d’accroître le risque d’infections ultérieures.
Chez les patients subissant une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques (ou allogreffe de moelle), des antibiotiques sont souvent administrés pour prévenir le risque infectieux ou traiter une infection. Ces antibiothérapies, indispensables certes, peuvent diminuer la diversité du microbiote intestinal et entraîner la perte de « bonnes » bactéries dont certaines sont immunomodulatrices ; les conséquences incluraient un risque accru d’infections, notamment à Clostridium difficile, un risque accru de réaction du greffon contre l’hôte (RGCH) et une plus grande mortalité liée à la transplantation.
Essai randomisé
Une équipe du Memorial Sloan-Kettering Cancer Center à New York a débuté un essai randomisé controlé chez ces patients pour évaluer si une transplantation de microbiote fécal autologue (auto-TMF), ou autogreffe de selles, peut restaurer la flore intestinale et diminuer les complications de l’allogreffe de moelle. Taur et coll. publient dans « Science Translational Medicine » une première analyse du microbiote intestinal évalué chez 25 patients de l’étude. Les chercheurs ont enrôlé des patients devant subir une allogreffe de moelle, et ceux-ci ont procuré avant le conditionnement un échantillon initial de selles qui a été conservé au congélateur. Ces patients ont ensuite reçu un conditionnement, une antibiothérapie prophylactique et l’alllogreffe de moelle.
Suivi pendant un an
Après la prise de greffe (1 à 5 semaines après l’allogreffe), un nouvel échantillon de selles a été recueilli. Si l’analyse révélait un déficit en Bacteroidetes, une famille de bonnes bactéries, les patients étaient alors randomisés à recevoir une transplantation de leurs selles initiales, administrée par voie rectale en lavement de rétention (n = 14 patients traités par autogreffe fécale), ou bien à ne pas recevoir d’autogreffe fécale (n = 11 témoins). Les 25 patients ont été suivis pendant un an après la randomisation, avec recueil de plusieurs échantillons de selles durant le suivi.
Les résultats montrent que l’autogreffe fécale est efficace chez les 14 patients pour restaurer la diversité et la composition du microbiote intestinal qui étaient présentes avant le traitement antibiotique et l’allogreffe de moelle. Par contraste, les 11 patients témoins n’ont pas récupéré durant le suivi la diversité et la composition de leur microbiote intestinal initial.
Cette étude de phase 2 se poursuit. L’équipe évaluera l’efficacité de l’autogreffe de selles pour prévenir les complications, avec pour critère principal le taux d’infection à C. difficile un an après la randomisation.
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