L’association Vaincre l’Autisme alerte sur un psychotrope

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Publié le 12/02/2016

Crédit photo : Phanie

L’association Vaincre l’autisme a demandé au ministère de la Santé d’ouvrir une enquête sur la prescription de l’aripiprazole (Abilify) chez les enfants autistes, alors même que ce médicament n’est pas autorisé dans cette indication et qu’il expose à des effets indésirables graves.

« D’après nos informations, ce traitement est donné à un nombre croissant d’enfants, dont les plus jeunes ont à peine 5 ou 6 ans », déclare M’Hammed Sajidi, le président de l’association, qui fait état de témoignages alarmants, dont la défenestration d’un autiste de 13 ans, en 2015, que sa famille attribue à la prise de l’Abilify.

Commercialisé depuis 2004, Abilify est un psychotrope indiqué dans le traitement des schizophrénies et des troubles bipolaires. Chez les adolescents de plus de 13 ans souffrant de troubles bipolaires, la durée de traitement ne doit pas dépasser 12 semaines.

Selon Vaincre l’autisme, de l’Abilify aurait été prescrit pendant une période plus longue à Yassine, l’adolescent qui s’est défenestré. Or, parmi les effets secondaires du médicament (maux de tête, insomnie, troubles cardiaques…), des idées suicidaires ont été rapportées après la commercialisation du produit.

« Pourquoi donne-t-on ce médicament alors qu’il n’est pas autorisé pour traiter l’autisme ? », s’interroge M’Hammed Sajidi, qui demande que la prescription de l’Abilify soit suspendue pour les enfants et les adolescents jusqu’à nouvel ordre.

Tout d’abord, on peut rappeler que les prescriptions hors AMM sont possibles. D’ailleurs, si Abilify n’est pas indiqué pour les troubles autistiques chez l’enfant en France, le RCP en évoque toutefois la possibilité. On peut lire que « deux études de 8 semaines et une étude de 52 semaines versus placebo ont démontré une supériorité statistiquement significative comparativement au placebo sur l’irritabilité d’enfants autistes âgés de 6 à 17 ans. Néanmoins, la pertinence clinique de ces résultats n’a pas été établie ». Ensuite, sur la base de ces études, certains pays, comme les États-Unis, ont autorisé le recours à l’Abilify dans le traitement de l’irritabilité associée aux troubles autistiques (symptômes d’agression envers les autres, crises de colère, automutilation…).

Mais il est vrai que les études effectuées sur l’administration d’aripiprazole dans le traitement des troubles autistiques sont peu nombreuses, et qu’il n’y a pas encore assez de recul sur l’innocuité et la tolérance de ce médicament dans les conditions réelles et à long terme, en population pédiatrique.