EN 2012, l’ex-Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) alertait sur le fait qu’un Français sur 5 consommait au moins une benzodiazépine (BZD). En 2010, les 134 millions de boîtes vendues représentaient 3,8 % de la consommation totale des médicaments.
Deux ans plus tard, alors que trois (sur 22) BZD ont subi des mesures drastiques (restrictions d’accès pour le clonazépam, retrait du marché pour le tétrazépam et le flunitrazépam), encore 131 millions de boîtes se sont vendues, soit 4 % de la consommation totale de médicaments.
La re-nommée Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) constate qu’en 2012, 11,5 millions de Français ont consommé au moins une fois une BZD (7 millions, un anxiolytique, 4,2 millions, un hypnotique et 0,3 million du clonazépam). Près d’un quart des consommateurs a recours à 2 BZD simultanément. Les médecins libéraux, majoritairement les généralistes, sont à l’origine de 90 % des
prescriptions.
Prise régulière et continue.
Plus de 64 % des consommateurs de BZD sont des femmes en 2012 (contre 60 % en 2010). L’âge moyen est de 56 ans.
L’ANSM souligne la hausse du nombre d’utilisateurs de BZD hypnotiques réguliers (+ 4,8 % entre 2007 et 2012) et s’alarme du non-respect des durées d’utilisation. Malgré les délais (12 semaines pour les anxiolytiques, 4 pour les hypnotiques) indiqués dans les autorisations de mise sur le marché (AMM), la durée de prise annuelle des anxiolytiques est proche de 5 mois, 4 mois pour les hypnotiques. Plus de la moitié des consommateurs les avalent plus de trois mois consécutifs.
Autre chiffre jugé inquiétant : 16 % des patients n’arrêtent pas leur traitement, et ce pendant environ 5 ans pour la moitié d’entre eux.
Risques connus.
L’ANSM rappelle que la prise de BZD expose à des risques renseignés, en particulier des affections du système nerveux ou psychiatriques, voire (pour le tétrazépam) cutanées. Plus de 1 % des accidents de la route seraient imputables à ces médicaments.
L’agence insiste aussi sur le phénomène de tolérance qui conduit les personnes à augmenter les doses et sur la dépendance qui peut entraîner un syndrome de sevrage lors de l’arrêt de la consommation. Enfin, le lien entre BZD et la survenue de démences, déjà signalé pour les plus de 65 ans en 2012, doit désormais être complété par des études sur des populations plus jeunes, demande l’ANSM. Elle appelle à un nouveau plan d’actions en 2014 pour encadrer les prescriptions, accompagné d’une campagne de communication envers les professionnels de santé et le grand public pour faire prendre conscience que ces médicaments, par ailleurs nécessaires pour nombre de patients, ne sont pas anodins.
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