Mycophénolate

L'accord de soins rarement demandé au comptoir

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Publié le 20/03/2017
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Près de 30 % des femmes greffées du rein traitées par mycophénolate n’ont pas connaissance de la tératogénicité du médicament, selon une enquête réalisée auprès de 99 patientes. Quant au formulaire d’accord de soins, obligatoire, il est rarement remis par le médecin… et rarement demandé par le pharmacien.

Combien de pharmaciens demandent aux patientes de leur montrer leur accord de soins signé lors d'une délivrance de mycophénolate (Cellcept, Myfortic) ? Pas assez, selon l'association de patients Renaloo, qui a mené l'enquête auprès de 99 femmes en âge de procréer, greffées du rein, qui prennent cet immunosuppresseur (enquête en ligne). Seulement 6 % d'entre elles ont dû présenter le formulaire au pharmacien pour obtenir leur médicament, et seulement 12 % indiquent que leur néphrologue leur a remis le formulaire. Plus grave, près d’un tiers d’entre elles ignore que le mycophénolate est tératogène.

Pourtant, en raison de cette tératogénicité, les mesures de prévention de la grossesse chez les patientes sous mycophénolate ont été renforcées. Depuis le 30 septembre 2016, les femmes en âge de procréer doivent, pour que le pharmacien leur délivre leur Cellcept ou leur Myfortic, lui présenter tous les six mois un formulaire d’accord de soins, signé par elles et leur médecin, dans lequel elles s’engagent notamment à utiliser une double contraception pendant toute la durée de leur traitement. L'enquête de Renaloo montre donc que cette obligation est mal respectée. Toutefois, il semble impossible de ne pas délivrer un médicament de cette importance en raison d'un papier manquant. Il importe cependant de s'assurer que la patiente a connaissance de l'existence du risque tératogène, et de l'obligation de signer cet accord de soins.

Déni de la double contraception

Par ailleurs, l’étude de Renaloo relève que les femmes greffées sont très majoritairement hostiles au dispositif et à l’obligation de double contraception. Une mesure qui apparaît aux yeux des patientes comme une contrainte inutile et exagérée, étant donné l’efficacité des contraceptifs aujourd’hui. Elles sont également très nombreuses (plus de 90 %) à déclarer ne pas avoir l’intention de modifier leurs habitudes de contraception.

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3335