L’HTA SÉVÈRE est sortie de l’ALD depuis six mois. Ancien directeur général de la Santé, le Pr Joël Ménard dénonce le manque de transparence de l’administration qui a pris cette décision.
En tant que citoyen ordinaire, il souhaite aujourd’hui que tout soit dit sur les raisons qui ont conduit les pouvoirs publics à expulser brutalement l’HTA sévère de la liste des affections de longue durée, dans un décret du 24 juin 2011. Qualifiant cette décision « d’absurde », il précise que cette éviction brutale de 120 000 patients concernés est purement et simplement contraire à l’avis de la HAS du 12 janvier 2011.
Saisi, il y a tout juste un an, sur les modifications possibles de la liste et des critères médicaux utilisés pour la définition des affections de longue durée, le collège de la HAS observait que la suppression isolée de l’hypertension artérielle sévère « ne permettait pas d’œuvrer à l’homogénéité de prise en charge des situations cliniques associées et notamment au risque cardio-vasculaire élevé ». L’administration a finalement préféré considérer que l’ALD constitue un facteur de risque et non une pathologie avérée.
Le Pr Joël Ménard n’en décolère pas. « J’ai été très poliment entendu pendant sept heures par le directeur de cabinet de Xavier Bertrand et l’un des conseillers du président Sarkozy, mais force est de constater que six mois après cette erreur aucune correction n’est apportée. »
Les hypertendus artériels sévères sont en danger.
L’ancien directeur général de la Santé brise le silence, estimant « que ce n’est pas dans ce domaine qu’il faut chercher pour trouver les 20 milliards d’économies à faire sur les dépenses sociales en 2012 ». Connaissant bien les rouages de l’administration, il ne parvient pas à obtenir d’informations précises sur l’analyse médico-économique qui a conduit à cette décision. « Au moment où de 8 à 14 % des gens n’ont pas de couverture complémentaire, je considère que les hypertendus artériels sévères sont désormais en danger », affirme-t-il encore. « Sur les 12 millions d’hypertendus en France, seulement 10 % sont atteints de la forme sévère, ils sont donc faciles à faire disparaître, mais il va falloir leur expliquer pourquoi ils sortent de l’ALD. »
Le Pr Ménard, qui aujourd’hui préside le conseil scientifique de la fondation de coopération pour la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées, n’en perd pas la mémoire pour autant. Il écarte d’un revers de main toute spéculation sur le coût de leurs prises en charge. Déterminé à stopper cette mesure et à réclamer toute la lumière sur le raisonnement médical qui y a conduit, Joël Ménard promet de mobiliser la Société française d’hypertension artérielle à l’occasion de ses 31es Journées scientifiques dès le 15 décembre.
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