ON FAIT l’amour avec son cerveau : Catherine Solano, Sylvie Buguet-Siard, Frédéric Fanget et Ghislaine Paris sont tous d’accord. La première (« les Trois Cerveaux sexuels ») décrypte les relations entre pulsions, émotions et affects et cognitions qui tricotent nos élans amoureux et les rendent plus ou moins solides. La sexualité puise sa source dans le cerveau sexuel pulsionnel, le cerveau sexuel émotionnel inscrit en nous l’envie d’être aimé, l’envie de materner et de protéger tandis que le cerveau sexuel cognitif nous ouvre à l’art amoureux, nous permet de gérer nos difficultés et de nous envoler volontairement vers le plaisir, sans être soumis à nos pulsions ou dominés par nos sentiments, explique-t-elle. Comprendre ces interactions entre « les trois cerveaux » permet à chacun de mieux connaître les ressorts de son fonctionnement et de devenir « acteur de son bonheur amoureux et sexuel », assure-t-elle.
Le ciment du couple.
Car la sexualité est le ciment du couple écrit Ghislaine Paris (« Faire l’amour pour éviter la guerre dans le couple »). À l’heure où plus d’une union sur deux se termine par une séparation et un mariage sur deux par un divorce, comment faire pour que le couple résiste au temps ? En trouvant ou retrouvant le chemin du désir et du plaisir, affirme l’auteur, ce qui est possible à condition de veiller à échapper aux clichés, à combattre les idées reçues, à comprendre que la recherche d’une conformation à une norme est une erreur et à ne pas oublier que la tendance à la simplification est délétère en matière de sexualité. Vivre en couple aujourd’hui est sans doute d’autant moins simple que les exigences contemporaines placent la barre très haut : l’amour doit être passionné et passionnant, la vie sexuelle comblée, la vie professionnelle épanouie, les missions parentales bien remplies. Mais pas impossible : en effet, dit-elle, la confiance acquise avec les années, la maturité, la bonne connaissance de l’autre peuvent être des atouts bien plus bénéfiques à une vie sexuelle harmonieuse que la pornographie pauvre et répétitive ou le romantisme « forcément décevant ». À condition que la sexualité partagée ne soit pas reléguée au rang des loisirs, mais constitue bien une donnée à part entière de la vie, un projet commun. À condition aussi que chacun ait un espace à soi.
C’est également l’avis du psychiatre Frédéric Fanget (« Oser la vie à deux ») qui développe la nécessité de préserver l’identité de chacun sans pour autant oublier celle née du couple lui-même selon l’équation du 1 +1 = 3, toi, moi et notre couple. Si son ouvrage porte sur les multiples dimensions de la conjugalité, la question du désir sexuel lui apparaît bien fondatrice et doit être alimenté « comme un fond de braise commun ». Sans qu’il y ait pour autant une norme : peu importe le temps qui lui est consacré, à condition que chacun y accorde la même place et veille sur le maintien des valeurs communes et du rapprochement émotionnel.
Adaptations. Autre point d’accord entre ces auteurs : notre façon de faire l’amour dépend de notre façon d’être au monde et cette pulsion de vie qu’est la sexualité qui « nous accompagne de la naissance à la mort », écrit Sylvie Buguet-Siard dans son livre sur la sexualité des seniors (« Jouir et vieillir sans rougir »). La vie sexuelle aux âges avancés de la vie impose à l’homme comme à la femme de nécessaires et profondes adaptations qui sont, pour chacun, à inventer. La sexualité après 70 ans concerne de plus en plus de gens (en trente ans, la proportion est passée de 52 à 68 % des hommes, de 38 à 56 % des femmes) ; il n’empêche, elle reste encore taboue et les besoins et attentes encore méconnus dans cette population, explique l’auteur. Cette psychothérapeute, qui pratique, entre autres, l’art-thérapie en institution gériatrique, évoque les diverses dimensions de la qualité de la vie sexuelle, bien-être biosexuel, spirituosexuel, sociosexuel, psychosexuel, et rappelle que la pulsion libidinale, présente jusqu’à la fin de la vie, y compris chez les sujets déments ou sévèrement handicapés, peut être assouvie et canalisée par des moyens adaptés à chacun.
20 euros.
Frédéric Fanget, « Oser la vie à deux », Odile Jacob, 255 pages, 22 euros.
Dr Ghislaine Paris, en collaboration avec Bernadette Costa-Prades, « Faire l’amour pour éviter la guerre dans
le couple », Albin Michel, 208 pages,
15 euros.
Sylvie Buguet-Siard, « Jouir et vieillir sans rougir - La sexualité des seniors. De la génitalité à la tendresse », Bérangel, 128 pages,15 euros.
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