Une injection correcte garantit une insulinothérapie optimale. Or seulement 25 % des diabétiques de type 1 ou 2 pratiquent le bon geste. Parmi les principaux mésusages, on note une injection trop profonde, au-delà du tissu sous-cutané. Lorsqu'on pique dans le muscle, la résorption d'insuline est plus rapide, sa concentration dans le sang augmente ce qui peut entraîner une hypoglycémie. L'épaisseur superficielle de la peau n'étant que de deux millimètres en moyenne, la longueur optimale de l'aiguille, insérée à 90°, permettant d'atteindre le tissu adipeux sans toucher le muscle, est de quatre millimètres. Cette longueur convient à tous les diabétiques quelle que soit leur masse corporelle, y compris les patients obèses. En revanche, dans les zones maigres, il est conseillé de faire un pli entre le pouce et l'index avant d'injecter.
Une injection faite avec une aiguille ayant déjà servi est une autre source de perturbations (ce qui est le cas d'un patient sur quatre). L'aiguille n'est alors plus stérile et son biseau peut s'émousser. Le risque de microtraumatismes est accru, des lipohypertrophies se créent sous forme de boules de graisses autour de l'injection. D'autre part, les doses d'insuline injectées sont incorrectes en raison de la formation possible de microbulles d'air lorsque l'aiguille est laissée sur le stylo. Des injections répétées au même site anatomique sont aussi une erreur fréquente à l'origine de lipohypertrophies. La rotation concerne les quatre sites possibles : abdomen, cuisse, partie postérieure haute du bras et des fesses. Pour un patient réalisant quatre injections par jour, chaque point d'injection ne sera utilisé qu'une fois toutes les quatre semaines. Malheureusement, neuf patients sur dix ne respectent pas le schéma optimal de rotation sans en mesurer les conséquences sur la résorption de l'insuline et de possibles hypoglycémies. En appliquant les bonnes pratiques, l'équilibre glycémique est amélioré dès trois mois, avec une réduction de l'hémoglobine glyquée de 0,58 %, de la glycémie à jeun, de la dose quotidienne d'insuline de deux unités.
Ne pas banaliser le geste d'injection
Pour expliquer et comprendre ces pratiques imparfaites, une étude qualitative et sociologique a été conduite à l'initiative de BD Médical et du Diabète Lab. Les résultats montrent que, pour le patient, le temps d'apprentissage est bref et prend fin brutalement. Le parcours d'initiation se construit au moment du diagnostic ou d'un changement de traitement, période où le patient a beaucoup d'informations à intérioriser. L'acte d'injection apparaît comme secondaire y compris pour les professionnels de santé, loin derrière l'équilibre glycémique, la problématique de l'adaptation des doses et le risque d'hypoglycémie. Or le geste n'est pas facile et ses modalités ne s'acquièrent pas spontanément. En tant qu'acteur de sa santé le patient culpabilise, il n'ose pas évoquer le sujet avec son médecin et s'invente ses propres règles de bonnes pratiques.
Rares sont les occasions pour faire évaluer ses habitudes vite ritualisées, et qu'il considère comme correctes et adaptées. Gérard Raymond, président de la Fédération française des diabétiques (FFD) plaide pour un accompagnement continu de l'injection : « Les bonnes pratiques d'auto-injection doivent être enseignées par les différents professionnels de santé tout au long du suivi du diabète. Il faut non seulement écouter le patient, entendre ses difficultés, mais aussi savoir le questionner (renouvellement des aiguilles, douleurs à l'injection, difficultés d'injection hors domicile), voire repérer d'éventuelles lipohypertrophies. »
D'après une conférence de presse de BD Médical unité diabète.
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