Les jeunes sont-ils encore concernés par la contraception ? Oui, répond la gynécologue-obstétricienne Nora Alloy (hôpital Jeanne-de-Flandre et Centre Oscar-Lambret de Lille), chiffres à l’appui : 7 femmes sur 10 ont recours à une méthode contraceptive médicalisée et seulement 8 % à rien.
En revanche, la nature de la contraception, et en particulier le regard sur la pilule, a changé depuis la médiatisation fin 2012 du sort de Marion Larat. Cette jeune femme a été victime en 2006 d’un AVC ischémique qui la laissa handicapée à 65 %, trois mois après la prescription d’une pilule de troisième génération. « Depuis la "crise des pilules", la contraception orale est vue comme un danger, du moins comme une contrainte. Or les jeunes femmes ne veulent plus qu’on la leur impose, constate le Dr Alloy. Ce n’est plus un instrument de libération comme ça l’a été pour la précédente génération ».
Préservatif et dispositif intra-utérin
Le baromètre santé 2016 de Santé publique France montrait ainsi que si la pilule reste la contraception la plus utilisée chez les plus jeunes, les 20-29 ans se tournent davantage vers le préservatif (passé de 9 % d’utilisateurs à 19 % entre 2010 et 2016) : il protège des infections sexuellement transmissibles et fait reposer la responsabilité contraceptive sur le couple, mais n’est pas toujours gratuit. Autres méthodes en vogue : le dispositif intra-utérin (+ 3,6 points entre 2010 et 2013, voire 9,8 points pour les 25-29 ans), que « les médecins s’autorisent davantage à prescrire aux primipares », souligne le Dr Alloy, et l’implant (+ 5,5 points).
Le Dr Nora Alloy constate une demande forte des femmes en faveur « de quelque chose de naturel ». « Nous devons écouter leur peur des effets secondaires, leur peur de grossir ou de voir diminuer leur désir. Et leur sentiment d’être libérées quand elles arrêtent la pilule », explique la gynécologue.
Le naturel en question
Le Dr Alloy n’ignore pas la désinformation qui court sur internet au sujet des méthodes naturelles. Au contraire, elle en fait un point de départ à la discussion, prenant ses patientes au sérieux. « Je leur demande ce qu’elles veulent et si elles se sont déjà renseignées ». « Souvent, elles se sont déjà fait des idées, mêmes fausses », explique-t-elle. Et la gynécologue de démêler le vrai du faux, et d’orienter les jeunes filles vers la moins mauvaise solution pour elles. Elle a ses parades : « Face à la revendication du naturel, il faut parfois rappeler que la nature, c’est une grossesse chaque année. »
Dans tous les cas, son maître mot est de toujours laisser le choix aux femmes. « Il faut leur laisser vivre leur expérience. Parfois, gênées par des règles hyperabondantes avec un DIU en cuivre, elles reviennent d’elles-mêmes vers la pilule, mais c’est alors par choix », constate-t-elle.
« Aucune hausse des grossesses non désirées ni des IVG n’a été constatée », rappelle le Dr Alloy. Quelque 211 900 IVG ont été recensés en 2016, dont 64 % liés à des échecs de contraception. Là encore, détricoter la désinformation autour de l’IVG reste nécessaire, conclut la gynécologue.
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