« FINI la pharmacoréglementation, place à la nutrition », c’est en ces termes que le Pr Philippe Legrand (Agrocampus, Rennes) a présenté l’actualisation des apports nutritionnels conseillés (ANC) sur les lipides, fondée sur une nouvelle approche des acides gras (AG). La démarche est en effet novatrice. En s’appuyant sur l’ensemble des données disponibles pour fixer les ANC des différents acides gras, les experts font une distinction entre les besoins physiologiques minimaux et les besoins physiologiques optimaux pour la prévention de certaines maladies, obésité, diabète et pathologies cardio-vasculaires, mais aussi cancers et pathologies neuropsychiatriques. Autre nouveauté : on ne parle plus des grandes classes d’acides gras (saturés, mono-insaturés, polyinsaturés), mais d’acides gras indispensables et non indispensables et, dans ces deux grands groupes, de chaque acide gras en particulier. Au sein des acides gras saturés (AGS), par exemple, certains, lorsqu’ils sont consommés en excès, sont athérogènes, les autres non.
C’est sur ces bases que les experts ont redéfini les ANC pour les acides gras. Au total, la part des lipides, pour un apport énergétique global de l’ordre de 2 000 kcal/j, est donc revue à la hausse : de 30-35 % dans les derniers ANC de 2001 à 35-40 % aujourd’hui. « Au-dessous de 30 %, les apports en acides gras polyinsaturés indispensables sont insuffisants, note le Pr Legrand, et, en termes de prévention pour chaque pathologie, l’ensemble des études situe le pourcentage nécessaire de lipides entre 35 et 40 %. »
Les mauvais et les indispensables.
Autre évolution : les AGS peuvent représenter jusqu’à 12 % des apports énergétiques, alors qu’ils devaient être limités à 8 % dans les dernières recommandations. Une modification qui rend compte de la distinction entre les « mauvais » AGS, l’acide palmitique surtout, mais aussi l’acide myristique et l’acide laurique, qui ne doivent pas excéder 8 % des apports, et les autres, les acides gras saturés à chaîne courte notamment, qui n’ont pas d’effet hypercholestérolémiant.
Pour les AGS que sont l’acide alpha-linolénique (précurseur des oméga 3) et l’acide linoléique (précurseur des oméga 6), les nouvelles ANC les situent à 1 et 4 % respectivement. La mise en évidence de la très faible conversion de l’acide alphalinolénique en acide docosahexaénoïque (DHA) a conduit à augmenter également les ANC pour cet AG : 250 mg/j, soit deux fois la valeur de 2001. Même ANC de 250 mg/j pour l’EPA (acide eicosapentanoïque), que l’on trouve, comme le DHA, principalement dans les poissons, surtout les poissons gras. Une dose qui peut être utilement augmentée jusqu’à 750 mg/j chez les sujets à haut risque cardio-vasculaire.
Reconsidérer les ANC des lipides totaux et des principaux AG « n’est pas une incitation à manger gras », prévient le Pr Legrand. Une grande partie de la population dépasse en effet les 40 % de lipides et les 12 % d’AGS autorisés dans ces nouveaux ANC. Mais environ un quart sont en dessous des 35 % préconisés. D’où la recommandation : ni trop, ni trop peu. Avec en corollaire un plaidoyer pour une plus grande diversification des sources de lipides (graisses végétales et animales), pour respecter l’équilibre des apports entre les différents AG.
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