DEPUIS 2008, 35 nouvelles substances psychoactives ont été identifiées en France par le réseau SINTES de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT). Il s’agit de produits de synthèse se répartissant en 28 stimulants (dont 10 cathinones) et 7 cannabinoïdes de synthèse*. « À titre de comparaison, en Europe, au cours de l’année 2010, 41 nouvelles substances ont été identifiées, battant les records successifs des années 2009 (24 nouvelles substances) et 2008 (13 nouvelles substances) », souligne Emmanuel Lahaie, coordinateur national du réseau SINTES.
À l’échelle européenne, cette progression inquiète. « Le rythme auquel ce phénomène évolue se reflète non seulement dans le nombre de substances qui apparaissent sur le marché mais également dans leur diversité et la façon dont elles produites, distribuées et commercialisées », déclare Wolfgang Götz, directeur de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT). « Cette évolution pose un sérieux problème à nos méthodes actuelles de contrôle et d’évaluation des nouvelles substances psychoactives ainsi qu’aux réponses que nous y apportons », constate-t-il.
C’est dans ce contexte que s’est tenu, la semaine dernière à Lisbonne, le premier forum pluridisciplinaire international sur les nouvelles drogues. Organisé par l’OEDT, cet événement a permis de faire le point sur les systèmes d’alerte rapide, les évaluations des risques et les contrôles ainsi que les possibilités en matière de prévention et de traitement.
En France, l’OFDT a publié le 9 mai les résultats de son enquête 2009** sur la composition des produits de synthèse utilisés en milieu festif. Réalisée par le réseau SINTES à partir de plus de 400 produits collectés auprès d’usagers sur sept sites en France et de leur analyse en laboratoire, cette enquête confirme certaines tendances comme le désintérêt pour le comprimé d’ecstasy au profit de la forme poudre (MDMA) ou la popularité grandissante du BZP. S’agissant des nouveaux produits de synthèse, disponibles sur des sites de vente en ligne sur Internet - 4 FMP, méphédrone, PMMA, pFPP - la diffusion réelle de ces produits demeure restreinte. « Ils sont plutôt l’apanage de petits groupes isolés d’expérimentateurs, déjà consommateurs, entre autre d’amphétamine ou d’ecstasy », précise Emmanuel Lahaie.
L’accessibilité des euphorisants légaux (« légal highs ») a très peu d’incidence sur leur diffusion dans un espace festif où les substances de référence demeurent les plus recherchées. Outre l’ecstasy ou l’amphétamine, la kétamine est aujourd’hui « bien implantée dans l’espace festif », note l’enquête. Distribué sous forme de poudre à partir du médicament disponible en ampoules injectables, ce produit présente des teneurs particulièrement élevées (71 % en moyenne), dans la mesure où ces poudres sont très peu coupées avec un autre principe actif. L’enquête montre que l’âge des consommateurs de substances psychoactives reste « globalement un peu plus élevé » (30 ans et plus) pour les produits plus rares ou plus chers comme le 2C-B et la BZP. Les substances les plus courantes, comme la MDMA et l’amphétamine, étant davantage utilisées chez les 21-25 ans. Enfin, ces drogues sont généralement consommées avec de l’alcool, voire du cannabis, relève l’enquête.
** L’enquête est également téléchargeable sur www.ofdt.fr.
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