LA JEUNE FILLE est arrivée aux urgences d’un hôpital britannique accusant un malaise général, avec une altération de l’état mental assortie de nausées et vomissements. L’interrogatoire rapporte la notion d’une soirée entre amis la veille avec consommation d’une substance poudreuse blanche associée à de l’alcool. À l’entrée, la patiente est somnolente avec un score de Glasgow à 11. Sa tension est à 105/58 mmHg, le pouls à 54/min, le rythme respiratoire à 15/min, la température auriculaire est à 36 °C. Le reste de l’examen clinique est normal et le scanner cérébral ne montre rien de particulier. À la ponction lombaire, on relève une élévation de la pression du LCR à 350 mmHg, qui cependant ne montre pas d’anomalies biologiques.
Les tests révèlent une hyponatrémie profonde à 118 mmol/l. Les autres résultats sont : potassium
à 4,5 mmol/l, bicarbonates à
23 mmol/l, urée à 3,3 mmol/l, créatinine à 46 micromol/l et glycémie à 5,3 mmol/l. L’osmolalité sérique est basse, à 256 mmol/l, tandis que l’osmolalité urinaire est haute, à 742 mmol/kg.
Suspectant une intoxication, une chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse est demandée sur les urines de la patiente. Elle revient positive sans équivoque pour les métabolites de la méphédrone et négative pour les opioïdes, la méthadone, les barbituriques, la cocaïne, les cannabinoïdes, l’alcool, les benzodiazépines et les amphétamines y compris l’ecstasy. L’analyse de la poudre blanche confirme d’ailleurs la présence de méphédrone.
Un diagnostic présomptif d’hyponatrémie hypo-osmotique euvolémique avec encéphalopathie et augmentation de la pression intracrânienne est posé. La prise en charge consiste en une restriction liquidienne sous surveillance rapprochée.
L’équilibre hydroélectrolytique se restaure en 24 heures et la jeune fille récupère une vigilance normale, sans désorientation, ni anomalies neurologiques focales, si ce n’est une légère dysphasie et une amnésie antérograde. Une IRM cérébrale réalisée 3 jours après l’admission montre des anomalies du signal sous-corticales multifocales. Deux mois après, la patiente a totalement récupéré.
Une monoamine alcaloïde trouvée dans le « khat ».
La méphédrone est un dérivé synthétique de la cathinone, une monoamine alcaloïde trouvée dans la Catha edulis, le « khat », une plante stimulante qui se mâche au Moyen-Orient. La méphédrone est une drogue de synthèse, vendue sur Internet, qui inquiète la communauté scientifique. Une morbidité et des décès lui sont imputés. Elle est interdite depuis le 16 avril 2010 au Royaume-Uni et dans d’autres pays d’Europe : Danemark, Suède, Allemagne, Norvège… Le 11 juin 2010, elle a été classée comme stupéfiant en France.
« On ne connaît pas bien ses mécanismes d’action, les signes cliniques ni les effets neurotoxiques potentiels. » Sa structure chimique fait supposer une stimulation des transmetteurs monoaminergiques. Les toxicomanes témoignent d’effets proches de la cocaïne ou de l’ecstasy, plus forts, avec des lendemains plus pénibles.
« Nous pensons que la méphédrone, comme l’ecstasy, provoque une sécrétion d’ADH (hormone antidiurétique) à médiation sérotoninergique, ce qui est responsable chez la patiente de l’hyponatrémie et de l’altération de l’état mental. »
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