LA « MALADIE ROYALE », une maladie du sang transmise par la reine Victoria d’Angleterre (1819-1901) à ses descendants parmi les familles royales d’Europe et de Russie, a marqué l’histoire et représente l’un des exemples les plus saisissants d’une transmission récessive liée à l’X. Présumée être une hémophilie, sa base moléculaire n’avait toutefois jamais été identifiée.
Le mystère est maintenant résolu. La « maladie royale » était une forme sévère d’hémophilie B, révèlent Rogaev et coll. (université médicale du Massachusetts, États-Unis) dans « ScienceXpress ».
Ces chercheurs ont pu percer l’énigme en analysant l’ADN dégradé extrait des restes squelettiques récemment identifiés de la famille Romanov, assassinée en 1918. Et notamment l’ADN de l’impératrice Alexandra (petite-fille de la reine Victoria) et de son fils le tsarévitch Alexei, qui naquit en 1904 et souffrit dès la petite enfance d’hémorragies sévères.
L’influence de Raspoutine.
La maladie aurait créé des tensions profondes dans la famille royale du tsar Nicolas II, ce qui aurait permis au moine Raspoutine d’accroître son influence sur la famille, en partie parce qu’il pouvait soulager par hypnose la douleur d’Alei. La maladie de l’héritier du trône de Russie et le pouvoir du démoniaque Raspoutine auraient contribué à précipiter la Russie dans la révolution de 1917.
Utilisant des techniques sophistiquées pour analyser l’ADN dégradé, les chercheurs ont d’abord examiné l’ADN d’Alexandra afin de rechercher des mutations dans les gènes F8 et F9 sur le chromosome X, codant respectivement pour les facteurs VIII et IX de la coagulation sanguine.
Ils ont pu détecter une mutation potentiellement pathogénique dans le gène F9 (mutation intronique A› G située 3pb en amont de l’exon 4, ou IVS3-3A› G). L’analyse informatique prédisait que cette mutation aboutit à un codon arrêt prématuré.
L’ADN d’Alei contenait seulement l’allèle mutant (hémizygote pour la mutation), tandis que l’une de ses sœurs, présumée être Anastasia, était porteuse hétérozygote.
In vitro, 99,98 % des ARNm transcrits a partir de l’allèle F9 mutant se montrent coupés au site mutant, ce qui est en accord avec une forme sévère d’hémophilie B (moins de 1 % du facteur IX est fonctionnel).
Les chercheurs concluent donc que la « maladie royale » était une forme sévère de l’hémophilie B, qui est parfois appelée « maladie de Christmas », d’après le garçon de 10 ans nommé Stephen Christmas, le premier patient décrit avec cette maladie en 1952 par des chercheurs britanniques.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques