Des chercheurs de l’université de San Diego en Californie ont utilisé une base de données (appelée FAERS), mise en place par la FDA (agence du médicament américaine), concernant les effets secondaires associés à des médicaments pour évaluer le possible effet antidépresseur de la kétamine.
Dans cette base de données qui contient 8 millions de dossiers patients, 41 000 personnes environ avaient utilisé de la kétamine comme antalgique. Les chercheurs ont comparé la fréquence à laquelle la dépression était signalée par les patients, selon qu’ils prenaient de la kétamine ou tout autre médicament (ou association de médicaments) antalgique. Ce comparatif (plutôt que de comparer avec tous les patients ne prenant pas de kétamine) permettait d’éliminer le soulagement de la douleur comme possible facteur antidépresseur.
« Contrairement à ce qui est d’habitude réalisé avec une base de données recensant des effets secondaires, nous avons pour notre part cherché le manque de symptômes », indique Ruben Abagyan, professeur de pharmacie à l’école de pharmacie et des sciences pharmaceutiques de l’université de San Diego.
Le résultat, sans appel, est paru dans la revue « Scientific reports » : l’incidence des symptômes dépressifs était inférieure de moitié chez les patients prenant de la kétamine par rapport à ceux prenant d’autres antalgiques. Ces patients rapportaient aussi moins de douleurs et d’effets secondaires associés aux opioïdes, tel que la constipation. Pour les auteurs, il est possible, mais assez improbable qu’un autre facteur commun chez les patients prenant de la kétamine explique cet effet antidépresseur.
Botox, diclofénac et minocycline
En recherchant par ailleurs les patients qui présentaient le moins souvent des symptômes dépressifs, les chercheurs ont aussi fait émerger trois autres médicaments, utilisés en médecine esthétique, comme anti-inflammatoire et comme antibiotique : le botox, le diclofénac et la minocylcine. Des résultats comparables ont été retrouvés. L’hypothèse quant au mode d’action est la capacité des deux derniers à réduire l’inflammation, mais cela est moins clair pour le premier.
Pour des raisons financières et éthiques, la kétamine n’avait jamais été testée à une large échelle dans le traitement de la dépression. Mais « cette étude fournit un support statistique solide pour des applications cliniques et de plus larges essais cliniques », soutient le Pr Abagyan.
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