Depuis plusieurs années, les études se succèdent sur l'utilisation de la kétamine dans la dépression et le risque suicidaire. Cette fois, une commercialisation à moyen terme peut être envisagée après les résultats d'études de phase 3 présentés par le Laboratoire Janssen sur l'eskétamine à un congrès de neuropsychopharmacologie.
Aucun pays n'autorise la kétamine dans le traitement de la dépression. Mais certains malades ont pu intégrer des études cliniques en cours pour en bénéficier, comme à l'hôpital Saint-Anne à Paris, où Janssen mène un essai de phase 3 visant à comparer l'efficacité de la kétamine (plus précisément de l'eskétamine, un énantiomère de la kétamine) en spray intranasal contre placebo. Son programme d'études de phase 3 dévoile un ensemble de résultats très encourageants, présentés au 31e congrès du Collège international de neuropsychopharmacologie qui se tenait à Vienne jusqu'à mardi.
Les données révèlent qu'un traitement continu avec de l'eskétamine en spray nasal associé à un antidépresseur oral chez des patients au-delà de 16 semaines offre une supériorité statistique et clinique par rapport à un traitement par antidépresseur associé à un placebo en spray nasal, pour retarder une rechute. Ces études montrent également que les patients en rémission et stables traités avec de l'eskétamine en spray et un antidépresseur oral voient leur risque de rechute réduit de 51 % par rapport aux patients recevant un antidépresseur oral et un placebo en spray.
Une étude d'innocuité à long terme montre que l'eskétamine en spray nasal est bien tolérée, sans nouveau signal d'innocuité identifié après l'administration de doses répétées sur une longue durée (52 semaines). Elle montre aussi que l'eskétamine en spray associée à un antidépresseur oral apporte une amélioration prolongée des symptômes jusqu'à 52 semaines chez des patients souffrant d'une dépression résistante aux traitements.
« Nous sommes impatients de soumettre tous les résultats de nos études sur le traitement de la dépression résistante aux traitements avec l'eskétamine aux autorités réglementaires, avec comme objectif de proposer une nouvelle option de traitement aux personnes dans le besoin », déclare Janssen. Une impatience partagée par les psychiatres, qui soulignent l'action rapide de la kétamine (quelques heures) comparée avec d'autres antidépresseurs (quatre à six semaines) et apporte une solution dans la dépression résistante aux autres traitements. Ils rappellent également les « effets anti-suicide » obtenus dans de précédentes études, de façon rapide, par voie intraveineuse.
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