L’arrivée de Sovaldi (sofosbuvir) de l’Américain Gilead a fait grand bruit. Non seulement parce qu’il s’agissait d’un traitement de l’hépatite C associant un fort taux de guérison avec une praticité d’administration jamais atteinte (un comprimé par jour pendant 12 semaines), mais aussi parce que son prix élevé a choqué patients, médecins, politiques et citoyens. C’était en 2014. Depuis, nombre d’autres antiviraux à action directe (AAD), plus ou moins pratiques, ont étoffé l’éventail de l’offre. Avec un prix affiché toujours très élevé. Jusqu’à ce que le laboratoire américain MSD lance une offensive en France.
Le 8 décembre dernier, MSD annonçait avoir conclu les négociations avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) pour son médicament Zepatier (elbasvir + grazoprevir), indiqué dans les génotypes 1 et 4 de l’hépatite C (environ 70 % des 230 000 patients français) à un prix de 28 732 euros la cure de 12 semaines. Soit près de 38 % de rabais par rapport aux 46 000 euros de son concurrent Harvoni (sofosbuvir + ledipasvir) de Gilead. Tous les observateurs s’accordent à dire que la comparaison est difficile à réaliser. D’abord parce que ce prix public (ou facial) n’inclut pas les remises consenties par les laboratoires. Ensuite parce que les différents mécanismes mis en place par les lois françaises, pour contrôler le prix des traitements de l’hépatite C depuis l’arrivée du Sovaldi, rendent impossible une évaluation du prix réel à débourser. Également parce que le traitement varie en fonction du patient, du génotype dont il est atteint, du stade de la pathologie et des autres maladies dont il peut être affecté. Enfin parce que le traitement concurrent Harvoni peut, pour certains malades, être administré en cure de 8 semaines au lieu de 12, ce qui ramène son prix à 30 667 euros. Toujours est-il que ce prix facial moins élevé que celui affiché par les autres AAD est un atout non négligeable pour MSD. Et semble avoir fait réfléchir un autre Américain, le Laboratoire AbbVie.
Longueur d’avance
Fin janvier, de nouvelles négociations avec le CEPS ont abouti à un prix pour Viekirax (ombitasvir + paritaprévir + ritonavir), associé ou non à Exviera (dasabuvir), en cure de 12 semaines : 28 730 euros pour les patients atteints du génotype 1, 26 432 euros pour le génotype 4. Mais le 28 février, AbbVie a pris une longueur d’avance. Il a obtenu un avis positif du Comité des médicaments à usage humain (CHMP) pour réduire la durée de ce traitement à huit semaines pour les patients atteints du génotype 1b souffrant de fibrose légère ou modérée (soit près de 30 % des patients français). La cure revient donc désormais à 19 153 euros et creuse l’écart non seulement avec Zepatier (MSD), mais aussi Sovaldi ou Harvoni (Gilead) même si ces deux derniers étaient administrés en cure de 8 semaines. Sauf que Zepatier attend lui aussi du CHMP un avis qu’il espère positif pour passer à une cure de 8 semaines.
Cette nouvelle stratégie consistant à prouver que la durée de la cure peut être raccourcie pour une même efficacité pourrait être rapidement balayée par l’arrivée de nouveaux traitements. Gilead prépare le lancement d'Epclusa (sofosbuvir + velpatasvir), qui a obtenu l’AMM européenne dans les six génotypes de l’hépatite C en juillet dernier. AbbVie prépare lui aussi un traitement pour les six génotypes mais risque d’arriver plus tard sur le marché. La concurrence s’intensifie donc sur ce segment. Un bon point pour la France qui a entériné l’accès universel à ces traitements, mettant fin au rationnement des malades qui avait prévalu pour que l’assurance-maladie puisse faire face aux prix élevés réclamés par les laboratoires.
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