« LA VITESSE du calendrier nous a surpris par sa rapidité, explique le Pr Bruno Lina, du Centre National de Référence de la grippe à Lyon. Quand le nouveau variant A(H3N2) a été identifié pour la première fois aux États-Unis en avril-mai 2014, il était impossible de savoir si le phénomène allait prendre de l’ampleur et à quel moment : très tôt, en milieu ou en fin d’épidémie ? La composition du vaccin était décidée par l’Organisation Mondiale de la Santé depuis février pour assurer une production suffisante en temps utile. Impossible de faire machine arrière ».
C’est un fait, cette année, le vaccin anti-grippal sera moins efficace qu’habituellement. Alors que l’épidémie aux États-Unis a précédé l’Europe de plusieurs semaines, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains nous annoncent une efficacité vaccinale résiduelle de moins de 30 %, c’est-à-dire que moins de 30 % des sujets vaccinés seront protégés de l’infection en cas d’exposition au virus de la grippe. « Il faut en retenir que l’efficacité est réduite de moitié », résume le Pr Bruno Lina. Davantage de cas sont attendus et donc davantage de cas graves chez les sujets à risque sont à craindre.
Du virus A(H3N2) vaccinal, variant et intermédiaire
Dans son dernier bulletin daté du 14/01/15, le Réseau Sentinelles révèle que le seuil épidémique sera atteint au cours de la 3e semaine de janvier. Plus de la moitié des virus circulants (53 %) sont de type A(H3N2). Or un nouveau variant A(H3N2) est en train de s’imposer (50 %) par rapport aux virus A(H3N2) vaccinal (10 %) et intermédiaire (40 %). Les deux autres souches vaccinales, la souche A(H1N1) pdm9 et la souche B de la lignée Yamagata, ne posent pas de problème particulier.
L’efficacité diminuée ne remet pas en cause pour autant la vaccination. « L’efficacité vaccinale ne tombe pas à zéro », explique le Pr Lina. À ce sujet, les CDC indiquent que « le vaccin empêche certaines infections aux virus circulants A(H3N2) de même que d’autres virus qui pourraient circuler plus tard au cours de la saison, dont les virus influenza B ». La vaccination empêcherait des centaines d’hospitalisations et de décès. Même si le nouveau variant A(H3N2) n’est pas plus virulent, les CDC recommandent l’utilisation de l’un des trois antiviraux « dès que possible » chez les sujets hospitalisés pour grippe grave et les sujets à risque de complications graves. Un avis que partage le Pr Bruno Lina : « L’utilisation des antiviraux permet de diminuer la mortalité et de diminuer la transmission ».
La vaccination, imparfaite mais inégalée.
Le vaccin antigrippal n’a jamais été efficace à 100 %. « Mais rien de mieux n’existe pour se protéger », insiste le virologue. Il existe de fortes présomptions pour que les formes cliniques soient moins sévères chez les sujets vaccinés. « C’est assez intuitif et l’expérience de beaucoup de médecins. Mais faute de preuves, il n’est pas possible de l’affirmer », remarque le virologue. La couverture vaccinale est plus large que ce qu’elle est censée assurer et se cumule avec le temps. « Plus on se vaccine, plus on est protégé ». Le vaccin antigrippal se décide sur les souches circulantes, et « anticiper les souches à venir, on ne sait pas faire », conclut le Pr Lina. Pour l’instant.
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