L’étude Arizona a été conduite en France afin d’évaluer l’impact du zona chez les patients âgés de 50 ans et plus consultant en médecine générale au moment du diagnostic, et de déterminer les facteurs de risque de développement ultérieur de douleurs post-zostériennes (DPZ). Ses résultats, publiés en 2012, montrent que l’âge majore le risque de DPZ chez les plus âgés. Environ 20 % des patients atteints de zona et âgés de 50 ans et plus développent des névralgies post-zostériennes (c’est-à-dire des douleurs persistant plus de trois mois). Ce taux peut atteindre 70 % chez les patients de 70 ans et plus. Dans 15 % des cas, cette population en souffre encore au bout d’un an. L’intensité des douleurs, lorsqu’elles persistent, ne diminue pas avec le temps.
Les difficultés de prise en charge
La douleur liée au zona a un retentissement sur l’activité générale, le sommeil et l’humeur, mais on connaît maintenant l’impact des DPZ sur les circuits cérébraux de la douleur. Elles entraînent des changements au niveau de la substance grise touchant les zones cognitives et émotionnelles. Bien qu’imputables au zona, certains troubles cognitifs ne sont pas toujours rapportés à la maladie mais au vieillissement physiologique.
Pourtant, cette altération aggrave le déclin fonctionnel déjà fragilisé par le grand âge, et peut avoir un impact très négatif sur la qualité de vie (mobilité, autosuffisance). Le sujet âgé est ainsi victime d’une double vulnérabilité. Les troubles sont moins marqués avec les traitements locaux, type patchs de lidocaïne ou capsaïcine, mais ils sont majorés par les effets secondaires liés aux médicaments systémiques, notamment les antidépresseurs tricycliques et les antiépileptiques (prégabaline, gabapentine).
L’évaluation de la douleur, de l’état cognito-émotionnel et l’individualisation du traitement sont essentiels chez le sujet âgé. Comme toutes les douleurs de type neurologique, les DPZ sont rebelles et difficiles à traiter. « Le traitement est complexe et nécessite l’association de médicaments dont l’objectif est de limiter la réplication virale, l’inflammation et la douleur. L’utilisation de ces médicaments est délicate chez des personnes souvent polymédiquées et leurs effets secondaires sont suffisamment gênants pour conduire à l’arrêt du traitement, rapporte le Dr Jacques Gaillat (CH d’Annecy). De plus, les sujets les plus âgés présentent des comorbidités pouvant réduire fortement les options thérapeutiques. » Seulement 50 % des patients sont soulagés correctement de leur douleur. Ainsi, à ce jour, les traitements curatifs des DPZ ne sont pas satisfaisants.
Un vaccin en prévention chez les seniors
Le Haut Conseil de santé publique considère que le vaccin Zostavax a fait la preuve de sa capacité à réduire de façon significative le poids de la maladie, c’est-à-dire la sévérité des DPZ (61,1 %), leur incidence (66,5 %) et l’incidence du zona (51,3 %). Il est composé d’une souche virale atténuée du virus varicelle-zona (VZV) qui stimule le système immunitaire spécifiquement concerné afin de maintenir ce virus à l’état latent.
L’efficacité de la vaccination varie selon l’âge : elle est de 63,9 % chez les personnes âgées de 60 à 69 ans, et de 37,6 % chez les personnes de 70 ans et plus. Elle est meilleure chez les sujets plus jeunes, d’où le choix de vacciner dès 65 ans. Son profil de tolérance satisfaisant est étayé par plus de 30 millions de doses délivrées au niveau mondial. Le vaccin s’administre en une seule dose par voie sous cutanée.
La nécessité d’une dose de rappel n’est actuellement pas connue. Le vaccin peut être administré simultanément avec la vaccination contre la grippe saisonnière, en deux sites d’injection séparés. Il ne peut, en revanche, pas être administré en même temps que le vaccin pneumococcique polyosidique comportant 23 valences.
La vaccination contre le zona est aujourd’hui recommandée en France pour la prévention du zona chez les adultes. Il est remboursé dans le cadre des recommandations vaccinales en routine pour les personnes de 65 à 74 ans révolus. Par ailleurs, pour les personnes âgées de 75 à 79 ans révolus dans le cadre d’un rattrapage, la prise en charge ou le remboursement est assuré jusqu’au 28 février 2017.
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques
Alzheimer : l’immunothérapie ouvre de nouvelles perspectives