CE QUI SURPREND d’emblée, lorsqu’on arrive sur le site d’Antony de Stallergenes, c’est le petit panonceau « Patients » qui indique clairement la vocation d’un des parkings de l’entreprise. Non, on ne s’est pas trompé d’adresse, nous ne sommes pas devant un hôpital, mais bien face à l’un des sites de recherche pharmaceutique les plus modernes de la région parisienne. Il faut dire que, chez Stallergènes, la personnalisation des traitements est érigée en profession de foi. Chaque patient est unique et mérite des égards. Depuis un demi-siècle en effet, le laboratoire concentre ses efforts, et son offre thérapeutique, autour du traitement APSI, comprenez Allergènes Préparés Spécialement pour un individu. C’est d’ailleurs cette particularité qui vaut au catalogue Stallergènes de ne pas passer entre les mains des pharmaciens d’officine. Car, dans le domaine de l’immunothérapie allergique (ITA), le traitement est prescrit, conçu, fabriqué et mis à disposition directement pour un patient donné et un seul. Individuation oblige.
Concrètement, la préparation magistrale est prescrite par le médecin allergologue en fonction du profil allergique de chaque patient. Le patient envoie son ordonnance (enveloppe T) au laboratoire qui fabrique alors le traitement sur mesure et le lui retourne par la poste… Ou le met à sa disposition directement au laboratoire en cas d’urgence et/ou de proximité, d’où le parking dédié…
500 000 patients traités dans le monde.
En France, Stallergenes traite ainsi en moyenne 1 000 ordonnances par jour. Ce qui correspond à la prise en charge thérapeutique de quelque 250 000 patients. « Mais, au niveau mondial, ce sont 500 000 allergiques qui bénéficient de l’efficacité de la désensibilisation individualisée », précise Roberto Gradnik, directeur général du laboratoire. Et le dirigeant de rappeler les principes fondateurs de l’ITA : « Il s’agit du seul traitement de fond susceptible de modifier l’évolution de la maladie allergique. Elle consiste à rééduquer le système immunitaire en administrant des doses croissantes d’allergènes (acariens, pollens, etc.), et à induire de ce fait une tolérance à long terme. »
Si le laboratoire Stallergenes a 50 ans, la méthode, elle, a plus de 100 ans. C’est le Britannique Leonard Noon qui, le premier, fait l’hypothèse que, en injectant de petites quantités de toxine pollinique, il serait possible d’obtenir un état d’immunité chez des patients souffrant de rhume des foins. Pari gagné qui vaut à l’ITA ses premières lettres de noblesse. Mais le succès est encore loin. L’entre-deux-guerres permet tout juste à l’ITA de peaufiner son arsenal, mais la variabilité des résultats obtenus et les incertitudes sur la nature précise des préparations antigéniques pénalisent un peu son envol. D’autant que les premiers antihistaminiques montrent le bout de leur nez et constituent, dès le début des années 1950, une sévère concurrence à l’ITA.
De nouvelles galéniques.
Autre handicap de l’ITA, sa galénique. « Jusque dans les années 1990, l’ITA est en effet administrée essentiellement par voie sous-cutanée. Mais, heureusement, la voie sublinguale, mise en point durant les années 1980, vient apporter une innovation majeure pour les patients traités », rapporte le Dr Olivier de Beaumont, directeur des affaires médicales de Stallergenes. Une nouvelle voie qui ouvre donc une nouvelle ère à l’ITA. Pour Stallergenes, grand promoteur de cette évolution thérapeutique, l’enjeu est de taille. À tel point que, en 2003, le laboratoire lance le programme Stalair, dont le principal objectif est de mettre au point des comprimés d’immunothérapie sublinguale.
Dernier produit de cette évolution, Oralair est le premier comprimé d’immunothérapie sublinguale indiqué dans le traitement de la rhinite allergique aux pollens de graminées qui répond aux besoins de 80 % de patients allergiques sévères. C’est aussi la première spécialité du laboratoire à avoir été reconnue comme telle dans 23 pays européens. Oralair sera bientôt commercialisée en France.
Au total, aujourd’hui l’ITA opère un double virage. Sans renier l’APSI, qui reste son cœur de métier, Stallergenes ambitionne de mettre sur le marché des comprimés sublinguaux adaptés au traitement des allergiques aux cinq plus importants allergènes. L’autre virage est, lui, technologique. Lancée dans l’aventure industrielle qu’impose la production de spécialités pharmaceutiques, Stallergenes a modernisé son outil de production. Avec son très moderne site d’Antony, le laboratoire est aujourd’hui le premier producteur mondial d’acariens, avec une production de 900 kg par an.
Pharmaco pratique
Accompagner la patiente souffrant d’endométriose
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques