EN FRANCE, Il a fallu attendre la loi du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception, pour que le recours à la contraception définitive soit légalisé. Avant cette loi, les femmes ne pouvaient pas envisager la stérilisation pour des besoins contraceptifs, ce recours n’était possible qu’en cas de nécessité thérapeutique. Peu à peu, le terme thérapeutique a été remplacé par du médical et on est arrivé à une possibilité de choix contraceptif selon la volonté délibérée et motivée de la femme. Celle-ci peut prendre sa décision après avoir reçu toutes les informations sur la méthode et sur ses conséquences définitives. Après un délai de réflexion obligatoire de quatre mois, elle donne son consentement par écrit. Malheureusement, dix ans après la loi, seulement trois femmes sur quatre connaissent le cadre légal de la contraception définitive. Alors que dans le monde 19 % des femmes y ont recours, elles ne sont que 4,2 % dans l’Hexagone.
Selon une enquête, les femmes perçoivent la contraception définitive comme utile en cas de contre-indications à la grossesse (5 %), d’IVG trop fréquents (9 %), d’intolérance aux DIU ou à la contraception orale (20 %), et en l’absence de désir d’enfant (30 %). Elles ne se précipitent pas pour envisager cet acte, puisque l’âge moyen de celles qui y ont recours est de 40-41 ans, plus tardif qu’en Angleterre ou en Hollande (28-35 ans). « Les femmes ont en moyenne trente ans de contraception à gérer au cours de leur vie et elles doivent disposer de l’arsenal thérapeutique le plus riche possible, rappelle le Dr Brigitte Letombe, gynécologue à Lille. Il ne faut pas confondre sexualité, féminité et reproduction. Lorsque les femmes sont capables de faire le deuil de leur fertilité, il faut savoir leur proposer cette méthode et la considérer comme faisant partie de l’ensemble des moyens de contraception disponibles », comme le précise d’ailleurs le rapport sur les grossesses non désirées de l’IGAS (2010). Si 93 % des gynécologues sont favorables à la contraception définitive, ils ne sont que 40 % à donner des informations et 25 % demandent l’accord du conjoint. « Arrêtons de stigmatiser les femmes. Oui, elles savent ce qu’elles veulent rétorque Brigitte Letombe. Nous, médecins, ne sommes pas là pour leur imposer quoi que soit, mais pour les informer et leur laisser le temps de la réflexion. »
Une méthode qui change tout.
Trois techniques remboursées par la Sécurité sociale sont à la disposition des couples : la vasectomie pour les hommes, la ligature des trompes sous cœlioscopie et anesthésie générale, ou bien la pose d’implants intratubaires sous hystéroscopie (méthode Essure) pour les femmes. Introduite en France en 2002, la méthode Essure (voir encadré) a été choisie par près de 100 000 femmes durant ces dix dernières années, et elle est reconnue par les professionnels de santé (près de 1 400 gynécologues obstétriciens sont formés à cette procédure). « Elle est moins invasive que la ligature des trompes, son arrivée a changé et simplifié la donne et je la compare à la pose d’un DIU lors d’une consultation de ville, explique le Dr Pierre Panel, du Centre hospitalier de Versailles. En 2009, le nombre de poses d’implants intratubaires (15 094) rejoint quasiment celui des ligatures (15 537). Ainsi en quatre ans, la méthode Essure est passée de 19 % à 49 % des actes de contraception définitive et, en 2010, elle représente 18 000 poses. On est dans un mouvement où les femmes commencent à s’approprier cette procédure. » Dans une étude multicentrique (de 2008 à 2011) concernant plus de 2 500 patientes, le taux de satisfaction est de l’ordre de 98 %. Une autre étude d’envergure, menée de 2006 à 2010 sur plus de 100 000 femmes, apporte des informations sur l’efficacité des méthodes. Il apparaît que le nombre de grossesses naturelles après pose d’implants ou de ligatures tubaires est faible et s’élève respectivement à 0,38 % et 0,47 %. Le Pr Hervé Fernandez, de l’hôpital du Kremlin Bicêtre, explique les échecs de la méthode Essure par « une absence de contrôle du bon positionnement des implants, le non-recours à un contraceptif pendant la période de trois mois, et la mauvaise interprétation des examens de contrôle ».
Pour la première fois, cette étude évalue aussi le risque de regret potentiel après intervention. C’est une question essentielle : les femmes ne risquent-elles pas de regretter leur décision ? En fait, les changements d’avis sont très faibles : 0,025 % avec la méthode Essure et 0,20 % avec les ligatures des trompes. Si regret il y a, il est intimement lié à l’âge de la femme. D’où l’intérêt de l’entretien entre le médecin et sa patiente pour aborder toutes les questions, y compris les contradictions et les ambivalences liées à ce choix.
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