Quelques définitions
La pédiculose du cuir chevelu est une parasitose le plus souvent bénigne, à transmission interhumaine. Elle est contagieuse et se transmet le plus souvent par contact, d’où une plus forte prévalence dans les collectivités d’enfants. Le parasite en cause est le pou de tête, encore appelé Pediculus humanus capitis. Chaleur, humidité et sang sont trois conditions indispensables à sa survie. Il se distingue du pou de corps Pediculus humanus corporis, qui, contrairement à lui, est vecteur de maladies infectieuses, et du pou de pubis, Phtirius pubis, plus communément appelé morpion, et qui peut aussi atteindre le cheveu.
Le pou de tête mesure deux à trois millimètres. Il s’accroche aux cheveux grâce à trois paires de pattes munies d’une pince.
La lente correspond aux œufs pondus par le pou femelle. Elle mesure environ 0,8 mm. La lente vivante, qui contient le futur pou, est d’une couleur grisâtre et est fixée à moins d’un millimètre de la racine du cheveu. La lente morte, libérée de sa nymphe, prend une couleur blanchâtre et s’éloigne du cuir chevelu. Elle peut rester attachée au cheveu plusieurs mois.
Un peu de physiopathologie
Le pou peut survivre deux à trois mois sur le cuir chevelu. La femelle peut s’accoupler plusieurs fois dans sa vie. Elle pond en moyenne 4 à 10 œufs par jour, pendant 3 à 4 semaines. En une vie, elle aura pondu entre 200 et 300 œufs par jour. Elle sécrète un cément appelé spumaline qui fixe solidement ses œufs en enrobant la base de la lente et du cheveu puis en durcissant au contact de l’air. Sept jours plus tard, la lente éclôt, libérant une nymphe d’environ 1 mm. Cette nymphe, qui pique déjà, va atteindre son stade adulte au bout d’une dizaine de jours. C’est à ce stade que le pou commence à se reproduire. Il survivra trente à quarante jours en se nourrissant de sang humain via 3 ou 4 « repas » par jour. Une tête humaine peut donc être très vite assiégée par un régiment de poux.
Cette parasitose est très contagieuse. La transmission se fait par contact direct de tête à tête le plus souvent. Bien que la transmission indirecte soit plus rare, elle reste possible car le pou peut survivre jusqu’à 36 heures loin d’une tête ; cagoule, peigne, brosse à cheveux, écharpe peuvent alors être des vecteurs de la parasitose.
Le prurit est la première manifestation d’une infestation par les poux. Il est le plus souvent localisé au niveau de la nuque, des tempes et derrière les oreilles. Il est dû à la salive excrétée par le pou lors de ses 3 ou 4 morsures quotidiennes pour se nourrir. Ce prurit n’étant pas systématique, une vigilance et une surveillance régulière s’imposent dès qu’une épidémie est annoncée. Lorsque le grattage est trop important, des lésions peuvent apparaître, qui elles-mêmes peuvent évoluer vers un impétigo.
Les mots du conseil
Comment reconnaître les poux et les lentes ?
Les lentes sont les plus faciles à repérer. Elles sont visibles à l’œil nu. Il faut savoir distinguer les lentes vivantes des lentes mortes. Les lentes vivantes sont de couleur caramel grisâtre, brillantes, ovoïdes et se situent près de la racine du cheveu. Les coques vides, quant à elles, sont de couleur blanchâtre et sont plus éloignées de la racine du cheveu, au-delà d’un centimètre. Elles ressemblent à des pellicules qui résisteraient à tous les shampooings classiques. Les poux sont plus difficiles à repérer car ils sont transparents et peuvent se déplacer. Pour les repérer, il faut utiliser un peigne fin et observer raie par raie, sur cheveux humides, en insistant particulièrement sur les zones aérées que sont les tempes, la nuque et derrière les oreilles. Cette opération, pour être efficace, doit durer au moins 10 minutes.
« Je lave pourtant mon enfant tous les jours ».
Les poux ne préfèrent pas se balader sur les têtes sales et résistent aux shampooings, même quotidiens ! Le pou n’est pas signe de saleté ou de pauvreté, contrairement aux croyances communes. Il est important de rassurer les familles qui se sentent honteuses et gênées de venir demander un traitement antipoux. Cela les incitera plus facilement à oser signaler la présence de poux aux écoles, crèches, garderies et à rompre ainsi le cercle vicieux qui ne permet pas d’éliminer les poux.
L’autre idée reçue est la surestimation des « capacités sportives » du pou : non le pou ne vole pas et ne saute pas ! On peut juste lui concéder sa rapidité à se déplacer. Contrairement à lui, la lente ne bouge pas et donc ne s’attrape pas.
Pourquoi le shampooing ne suffit-il pas toujours ?
Le pou peut, parfois, survivre aux shampooings, quelle que soit la fréquence à laquelle on l’y soumet. Il est en effet capable de fermer momentanément les orifices qui lui permettent de respirer. La persistance du parasite n’est pas toujours signe de négligence ou de résistance au principe actif.
« J’ai déjà traité mon enfant mais malgré tout, il reste encore des poux »
Il est important à la pharmacie de repérer les causes d’échec d’un traitement qui peuvent être nombreuses. Il faut d’abord s’assurer que la durée d’application a été respectée, que le renouvellement a été effectué, que la forme galénique a été appropriée et que le produit a été appliqué en quantité suffisante et sur toute la chevelure. Ensuite, le délai passé depuis le traitement est à prendre en compte : la présence de poux à 12 jours malgré un traitement bien suivi peut résulter d’une réinfestation suite à un nouveau contact avec une personne infestée. Si par contre, deux jours après le traitement, on trouve encore des poux en examinant la chevelure, on peut soupçonner une résistance au traitement utilisé. En effet, la résistance aux insecticides est de plus en plus fréquente.
Les produits conseils
Avec ou sans insecticide ?
Deux catégories de produits sont proposées pour tuer le pou à tous les stades de sa vie.
D’abord, les traitements à base d’insecticide se divisent en deux grandes familles : les dérivés naturels de pyrèthre et dérivés pyréthrinoïdes de synthèse (perméthrine, phénothrine, dépalléthrine) et les organophosphorés (malathion). Ils agissent par une action neurotoxique. Souvent, dans la formule, le butoxyde de pipéronyle est associé aux pyréthrinoïdes car il inhibe les enzymes responsables de leur dégradation. Quelques inconvénients toutefois amènent à « chercher des poux » à ces insecticides : leur efficacité est controversée à cause du phénomène de résistance qui s’est installé par modification enzymatique et mutation génétique. De plus, ils peuvent être contre-indiqués chez l’asthmatique et irritants pour le cuir chevelu.
Plus en vogue actuellement, les huiles et dérivés siliconés représentent une alternative intéressante. En effet, si le pou résiste à l’eau, il est au contraire sensible aux corps huileux. Les huiles pénètrent par les orifices respiratoires du pou, provoquant un bouchon et bloquant ainsi sa respiration. Le pou est enrobé d’un film d’huile et meurt asphyxié et déshydraté. L’huile de coco par exemple est commercialisée à cet effet.
Les dérivés siliconés agissent aussi par un mécanisme physique. La diméticone se dépose sur la surface du pou et, en séchant, forme un film hermétique qui bloque les orifices respiratoires et excrétoires. Le pou ne peut alors plus éliminer l’eau absorbée lors de son repas sanguin, ce qui provoque une rupture de l’intestin. Le cyclométhicone est parfois utilisé conjointement à la diméticone car ses propriétés antistatiques et émollientes améliorent la diffusion de la diméticone.
L’oxyphtirine obstrue les orifices respiratoires des poux et des lentes jusqu’à leur étouffement.
L’huile de ricin facilite le décollement des lentes en dissolvant le cément qui leur permettait de se développer.
L’huile essentielle d’Ylang-Ylang est ajoutée à certains traitements pour calmer les irritations du cuir chevelu.
Lotion, shampooing, spray, mousse… ?
Le shampooing permet une utilisation facile et rapide, ce qui favorise une bonne observance. Dilué dans l’eau, le shampooing insecticide peut être moins concentré que les lotions et sprays. On peut donc le recommander dans le cadre d’une infestation légère et réserver les lotions et sprays aux contaminations importantes.
Pour une meilleure efficacité, les recommandations propres à chaque produit sont à respecter. De façon générale, la lotion s’applique raie par raie, le spray est pulvérisé à la base des cheveux jusqu’à l’imprégnation de toute la chevelure, tout en prenant soin de protéger le visage. Il est ensuite rincé en respectant le temps d’application. On peut proposer les lotions sur cheveux courts et les sprays sur cheveux longs pour une plus grande facilité d’utilisation.
Un baume ou un shampooing décolleur de lentes facilite le décrochage des lentes mortes et lisse la chevelure, permettant une utilisation plus aisée du peigne fin. Les principaux composants de ces produits sont l’acide acétique, l’aminosilicone ou certaines huiles essentielles (Itax décolleur de lentes, Item baume décolleur de lentes, Kidna poux shampooing, Para lentes, Pyreflor baume capillaire).
Les répulsifs et l’environnement.
Les laques ou sprays répulsifs sont destinés à prévenir une contamination. Ils sont composés de repellents tels que l’IR3535, le DEET, ou d’huiles essentielles (Altopou cheveux répulsif, Ecrinal poux répulsif, Paranix répulsif, Parasidose répulsif, Pediakid balepou, Pyreflor répulsif).
Le traitement de l’environnement (literies, vêtements, peluches, canapé, siège auto…) s’effectue grâce à des bombes insecticides à la perméthrine, la bifenthrine, l’esdépalléthrine, la bioresméthrine ou au géraniol (Altopou environnement, Altopou vêtements, Paranix environnement, Parasidose environnement, Pyreflor antipoux environnement).
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