Immunisés contre le cancer et le diabète

La botte secrète des nains équatoriens

Publié le 03/02/2014
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COMMENÇONS par redire que, incontestablement, le nanisme est un handicap grave qui complique sérieusement la vie des personnes qui en sont atteintes. Pourtant, il existe sur Terre, quelque 300 nains qui, grâce à leur condition, bénéficient d’un privilège physiologique rare. En Équateur, le Dr Guevara suit depuis les années 1980 une cohorte d’une centaine de nains atteints d’une maladie congénitale, le syndrome de Laron. Cette déficience génétique empêche leur organisme d’utiliser l’hormone de croissance. « Ce qui est remarquable chez ces patients, explique l’endocrinologue, c’est qu’ils n’ont quasiment pas de cancer et aucun cas de diabète n’a jamais pu être documenté dans cette population. » Même s’ils sont atteints de surpoids, comme c’est le cas de Lutgarda Valarezo, une opératrice téléphonique de 29 ans qui mesure à peine 1,18 mètre, la menace de diabète ne peut constituer un argument médical pour la mise en place d’un régime amaigrissant. Pour faire la preuve (publiée) de cette particularité, le Dr Guevara a suivi pendant 22 ans une centaine de nains et 1 600 de leurs parents de taille normale vivant tous dans la même région aux confins des Andes. Résultat ? Alors que les personnes de petite taille en étaient épargnées, 5 % des personnes de taille normale sont devenues diabétiques et 17 % ont eu un cancer. Ce qui conduirait à penser, puisque les facteurs génétiques et environnementaux sont identiques dans les deux groupes, que l’hormone de croissance a un rôle important dans l’apparition de ces maladies. Bloquer l’HCG pour traiter quelques pathologies ? Voilà une piste intéressante ouverte à la médecine. Grâce au concours gracieux des nains équatoriens, le traitement de certaines maladies pourrait donc faire un pas de géant…

DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3065